Bac francais 3

Bac de français 2023, littérature d'idées, roman. Corrigé bac, le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse ?

Le 17/05/2024 0

Dans L'actualité du bac 2024. Dates de l'examen, corrigés bac, résultats

Les corrigés Bac 2023

Au bac de français session juin 2023, les lycéens ont travaillé sur les objets d'étude de la littérature d'idées et du roman. 

Les sujets proposés étaient les suivants : 

Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

Le candidat traite au choix, compte tenu de l’œuvre et du parcours étudiés durant l’année, l’un des trois sujets suivants :

Sujet A

  • Œuvre : Abbé Prévost, Manon Lescaut.
  • Parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.
  • Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse ?
  • Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur Manon Lescaut, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle

Sujet B

  • Œuvre : Balzac, La Peau de chagrin.
  • Parcours : les romans de l'énergie : création et destruction.
  • Peut-on lire La Peau de chagrin comme le tableau d’un monde exténué ?
  • Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur La Peau de chagrin, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle.

Sujet C

  • Œuvre : Colette, Sido suivi de Les Vrilles de la vigne.
  • Parcours : la célébration du monde.
  • Peut-on considérer Sido et Les Vrilles de la vigne comme des œuvres de l’émerveillement ?
  • Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur Sido et Les Vrilles de la Vigne, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle

 

Correction de la dissertation sur Manon Lescaut

 

 

Sujet A

Œuvre : Abbé Prévost, Manon Lescaut.

Parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur Manon Lescaut, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle

 

 

 

Introduction

Dans ses Carnets, Montesquieu écrit en 1734 : « J'ai lu, ce 6 avril 1734, Manon Lescaut, roman composé par le Père Prévost. Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon, et l'héroïne, une catin qui est menée à La Salpêtrière, plaise ; parce que toutes les mauvaises actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l'amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. Manon aime aussi, ce qui lui fait pardonner le reste de son caractère ».

Cette citation nous amène à nous interroger sur le plaisir que suscite la lecture de Manon Lescaut en tant que récit d'une passion amoureuse. 

Problématique

A quoi tient le plaisir de lire le roman Manon Lescaut?  

 

I - Le récit d'une passion amoureuse 

1 Topos de l'amour

- L'amour occupe une place centrale dans Manon Lescaut, il est à l'image d'une relation tumultueuse entre Manon et Des Grieux. Amour fou, sacrifices, dilemmes moraux, les sentiments amoureux dominent l'histoire qui n'est que le récit de l’exaltation des sentiments et de la passion amoureuse . 

- Dans ce récit fait par des Grieux, son amour pour Manon est exprimé avec force, un coup de foudre né au premier regard, « je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport ».

2 Topos de l'amour empêché 

- On retrouve le mariage interdit des jeunes amants : contrainte religieuse : La vie commune hors mariage n’est pas compatible avec les lois religieuses. Tiberge, symbole de vertu le répète à son ami en accusant la vanité des plaisirs.

- Les raisons familiales supérieures aux sentiments des amants et un amour qui se heurte aux circonstances et péripéties de l'histoire. Contraintes sociales et morales à l'union de des Grieux et Manon. Le père s'oppose à leur union - Des Grieux entre en conflit avec le pouvoir de son père. Une union avec Manon est inconcevable, d’où la première transgression, la fuite d’Amiens à Paris

-  la vertu amoureuse malmenée par les désirs : désirs lubriques des hommes, désirs de luxe de Manon : « Jamais fille n’eut moins d’attachement qu’elle pour l’argent, mais elle ne pouvait être tranquille un moment avec la crainte d’en manquer », désirs d’émancipation…

II - Le romanesque naît de la confrontation de la marginalité des personnages à ce qui représente la norme sociale dans le roman

1 - L’expression « plaisirs du romanesque » questionne le goût du lecteur pour des personnages originaux, mis au ban de la société.

- Les personnages sont romanesques car marginaux, ce qui agrémente la lecture de cette histoire pleine de rebondissements, au-delà de la passion amoureuse. 

Pour reprendre les mots de Flaubert, nous dirons que « ce qu’il y a de fort dans Manon Lescaut, c’est le souffle sentimental, la naïveté de la passion qui rend les deux héros si vrais, si sympathiques, si honorables, quoiqu’ils soient fripons ».  Il semble donc que l’abbé Prévost se soit appliqué pour offrir à ses lecteurs l’image de personnages marginaux, romanesques car capables d’un amour sincère de manière réciproque.  

- Les personnages marginaux sont dès le début très attachants car ils sont en marge de la société, une jeune fille « de naissance commune » qui fuit le couvent, un jeune homme noble qui fuit « l’Académie » car « enflammé tout d’un coup jusqu’au transport »

- Ils sont aussi en marge de la morale

Manon est une courtisane qui ne peut s’empêcher de s’enrichir, des proxénètes dont Lescaut (le frère de Manon, homme de main et « garde du corps », à la fois joueur et mercenaire, qui envisage de prostituer sa sœur et qui s’invite dans le couple pour profiter de tout), des relations amoureuses hors mariage religieux propices aux coups de théâtre venus des institutions ou des familles (enlèvement du fils par le père pour le protéger des passions ; mariage forcé de Manon au fils du Gouverneur en Louisiane).

2 - Entre norme et marginalité

 La confrontation entre la marge et la norme crée le romanesque, les personnages y sont confrontés tout au long du roman.

- Une mise en scène. Nous avons la rencontre d’une jeune fille modeste et d’un jeune noble. Ensuite se met en place un face à face d’individus : Des Grieux doit « rentrer doucement dans le devoir » pour « mériter l’affection » de son père 

Le romanesque des personnages principaux est renforcé par les personnages secondaires. En effet, le père de des Grieux va jusqu’à faire enlever son fils mais en vain car ce dernier persiste dans son amour. « Va, cours à ta perte. Adieu, fils ingrat et rebelle ! ».

- Des portraits en opposition. L’opposition entre la vertu et la débauche est  illustrée par Tiberge, portrait symbole de la vertu, il entre en contraste avec des Grieux, son fidèle ami qu’il ne parvient pas à raisonner. L'histoire est articulée autour de certaines figures de la noblesse, le frère et le père des Grieux, des incarnations du clergé avec le Supérieur de Saint-Sulpice, Tiberge

- Des Grieux est le personnage qui se confronte le plus à lui-même, l'histoire nous offre une mise en scène d'un homme aux limites des normes et de la marge. Il est toujours en contraste perpétuel entre les bons et les mauvais sentiments, les bonnes et les mauvaises actions.  C'est un homme bien né, un homme d'honneur qui se marginalise par amour pour Manon. Conscient, lucide des malheurs à venir, il ne renonce pas pour autant à sa passion dévastatrice. 

III -  La diffusion d'idées nouvelles propres au siècle des lumières

 Manon Lescaut, une oeuvre des Lumières. 

 Les Lumières : courant de pensée en Europe au XVIIIe siècle, qui favorise les progrès et le bonheur des hommes.

Le roman-mémoires est un genre littéraire de roman dans lequel le récit, bien que fictif, est présenté sous la forme de mémoires. C'est un roman d'amour, un roman de moeurs qui décrit de façon réaliste l’attitude, le comportement des personnages dans cette société du XVIII°. L'homme ne cherche plus le bonheur céleste et la promesse du paradis mais privilégie le bonheur terrestre

Par sa conduite, Des Grieux rejoint ainsi les philosophes de son siècle ; il participe de l'esprit des Lumières en proclamant la supériorité de l'expérience sensuelle sur les hypothèses de la religion ; il croit avant tout au sensible, au concret. 

Le bonheur chrétien mis en doute, le bonheur de l'amour règne en souverain

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