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Parcours bac

Colette, Sido suivi des vrilles de la vigne, parcours "Célébration du monde ". Roman et récit au bac 2026

Le 24/07/2024 0

Dans Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

Figure maternelle, souvenirs d'enfance

 

Colette (1873-1954)

 

1. Enfance et formation

  • Nom complet : Sidonie-Gabrielle Colette.
  • Naissance : 28 janvier 1873, à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne).
  • Issue d’un milieu provincial : son père est ancien officier et percepteur, sa mère, Sido, est une figure essentielle dans sa vie et son œuvre.
  • Elle reçoit une éducation solide mais sans excès d’érudition, nourrie de liberté et d’observation de la nature.

2. Les débuts littéraires (1893-1906)

  • En 1893, elle épouse Henry Gauthier-Villars, dit Willy, critique et journaliste parisien.
  • Il l’encourage à écrire ses souvenirs de pensionnaire : ce seront les Claudine, publiés sous la signature de Willy (Claudine à l’école, 1900 ; Claudine à Paris, 1901 ; Claudine en ménage, 1902 ; Claudine s’en va, 1903).
  • Ces récits rencontrent un grand succès, mais Colette ne récupérera son nom d’autrice qu’après sa séparation.
  • Elle mène parallèlement une carrière sur scène, ce qui provoque scandale et fascination.

3. Reconnaissance littéraire (1906-1930)

  • Après son divorce, elle publie sous son propre nom (Dialogues de bêtes, 1904 ; La Vagabonde, 1910).
  • Elle explore les thèmes de l’amour, de l’émancipation féminine, du désir et de la nature.
  • Ses romans majeurs de cette période incluent :
  • Chéri (1920) et La Fin de Chéri (1926) : portrait d’un amour entre un jeune homme et une femme mûre.
  • Le Blé en herbe (1923) : éveil des sens et fin de l’adolescence.
  • Elle devient journaliste et chroniqueuse, et mène une vie mondaine très libre.

4. Consécration et fin de vie (1930-1954)

  • Colette poursuit son œuvre avec La Chatte (1933), Gigi (1944), qui sera adapté au cinéma et à Broadway.
  • En 1945, elle est élue à l’Académie Goncourt, dont elle devient présidente en 1949.
  • Ses œuvres sont traduites dans de nombreuses langues, son style est salué pour sa sensualité, son humour, sa précision d’observation.
  • Elle meurt le 3 août 1954 à Paris.
  • Elle est la première femme en France à recevoir des funérailles nationales.

5. Caractéristiques de son œuvre

  • Thèmes principaux : amour, sensualité, désir, passage du temps, observation du monde naturel, condition féminine.
  • Style : sens aigu du détail, écriture sensuelle et charnelle, mélange de tendresse et d’ironie, descriptions précises.
  • Place dans la littérature : figure majeure du XXᵉ siècle, elle incarne l’émancipation féminine et une liberté de ton rare pour son époque.

 

Sido & Les Vrilles de la vigne 

 

1. Brève mise en contexte

Colette publie Les Vrilles de la vigne (recueil de nouvelles) au début de sa carrière ; ces textes, d’origine pour la plupart publiée en revue, mêlent autobiographie, lyrisme et observations sensorielles. Sido est, lui, un livre-portrait : c’est le long hommage que Colette rend à sa mère (Sido), à la campagne, aux gestes quotidiens qui forment une éducation sensible. Ces deux livres, proches par l’inspiration autobiographique et la célébration du monde vécu, prennent toutefois des formes et des accents différents : l’un fragmentaire et varié (nouvelles), l’autre concentré et méditatif (portrait familial). 

2. Résumés synthétiques (pour cadrer)

Sido : évocation rétrospective de la figure maternelle (Sidonie Landoy), de la vie domestique et campagnarde qui a formé Colette. Le livre mêle portrait, souvenirs, scènes de nature et anecdotes qui font de Sido à la fois un modèle et une présence tutélaire.

Les Vrilles de la vigne : recueil de courtes nouvelles et de proses lyriques (parfois prosaïques, parfois très musicales) où Colette puise dans le souvenir, la vie quotidienne, le monde animal et végétal ; thème récurrent : l’éveil des sens, la sensualité, la mémoire et l’attachement au terroir. 

3. Thèmes majeurs 

A. La mémoire et l’écriture de l’enfance (la voix autobiographique)

Sido : l’écriture est celle d’une réminiscence. Colette reconstruit des scènes familiales, restitue l’oralité, les répliques, les traits de caractère de sa mère. Le livre fonctionne comme une « archéologie sentimentale » : la mémoire n’est pas neutre, elle sélectionne, magnifie, corrige. Le « je » de Colette est à la fois filiale et critique ; elle admire et cherche aussi à s’émanciper. 

Les Vrilles : forme plus fragmentaire, mosaïque de petites scènes-souvenirs. L’autobiographie est éclatée en micro-récits, confessions, portraits d’animaux et d’objets. Cette fragmentation donne une impression d’instantané et d’intimité partagée.

Enjeu : Colette transforme le privé en matériau artistique ; la mémoire devient méthode d’écriture (choix des détails, focalisation sensorielle).

B. Nature, animaux, et matérialité du monde (la célébration du réel)

Les deux œuvres font de la nature un personnage : la campagne, les jardins, la vigne, les animaux sont décrits avec une attention quasi-scientifique et poétique. Colette n’oppose pas l’humain et la nature : elle montre des continuums (gestes, rituels, saisons).

Dans Sido, la mère est en osmose avec la terre : gestes maternels, soins aux bêtes, savoir-faire rural. Dans Les Vrilles, les images végétales (la vigne, ses vrilles) deviennent métaphores des liens, des étreintes, des obsessions. 

Effet stylistique : descriptions sensorielles (odeurs, textures, couleurs) ; la langue se fait tactile et gustative — c’est ce réalisme sensoriel qui crée la « fête des sens » si caractéristique de Colette.

C. La figure maternelle et la question de l’identité féminine

Sido est d’abord un portrait de femme active, autonome dans son univers domestique et naturel. Colette montre la puissance d’une maternité non-idéale : pragmatique, parfois autoritaire, toujours vivante. Sido est éducatrice du regard, temple d’un langage intime. 

Les Vrilles aborde aussi le féminin mais plus par bribes : désirs, jeux de séduction, amours, et rapports au corps. Colette y explore la multiplicité des figures féminines — de la jeune fille au féminin mûr — sans moraliser.

Question littéraire : Colette fait de la femme un sujet politique discret : elle n’écrit pas de manifeste, mais donne la préséance à l’expérience sensible féminine comme connaissance du monde.

D. Le temps, la disparition et la nostalgie

Sido est traversé par la conscience du temps qui passe : hommage en acte, tentative d’immortaliser la voix et les gestes de la mère. La nostalgie n’est jamais mièvre : elle est lucide et parfois ironique.

Dans Les Vrilles, l’instant-souvenir domine ; la forme courte permet d’arrêter un éclat de vie avant qu’il ne s’efface.

4. Style et procédés littéraires 

Langage sensuel et précis : Colette utilise un lexique tactile et olfactif (peau, lait, herbe, vin, soie). Sa prose est musicale, parfois télégraphique, parfois foisonnante ; on ressent le balancement entre maîtrise et luxuriance.

Figures répétées et leitmotive : la vigne, les vrilles, les animaux, les rituels domestiques — ces motifs tissent une cohérence thématique.

Alternance des tons : humour discret, ironie, tendresse, et mélancolie; la tonalité change selon le souvenir ou la nouvelle.

Point de vue : usage fréquent de la première personne (Sido) ou d’une focalisation proche (Les Vrilles) : la subjectivité est revendiquée, l’observation est intime.

5. Comparaison serrée : ce que l’un apporte à l’autre

Forme : Sido = unité, portrait long, méditation ; Les Vrilles = éclats, diversité de tons.

Objet : Sido cible un personnage réel (la mère) et la filiation ; Les Vrilles explore des motifs variés (amour, nature, bêtes, veillées) et offre une galerie de petits tableaux.

Effet sur le lecteur : Sido crée l’intimité et l’identification filiale ; Les Vrilles provoque l’éveil des sens et la surprise par la variété.

Complémentarité : lus ensemble, ces textes donnent une vision complète de la poétique de Colette : mémoire stabilisante + inventaire sensoriel mouvant.

 

" Célébration du monde "

Afin de dégager les différents enjeux du parcours, il est nécessaire d’explorer les différentes acceptions du verbe célébrer

Célébrer, synonyme de faire l’éloge de = cela permet de mettre en évidence les connotations positives du terme

Célébrer une fête des souvenirs et une fête des sens = Dans cette acception du verbe "célébrer", on peut lire les deux ouvrages, Sido et les Vrilles de la vigne comme une véritable fête.

Célébrer, diviniser : le(s) mystère(s) du monde = une entrée en lecture possible

Quel monde à célébrer ? 

Reste sans doute aussi à définir ce qu’est « le monde » pour Colette. Il semble s'agir de la Nature perçue comme un ensemble, un tout. 

 « Mon imagination, mon orgueil enfantins situaient notre maison au centre d’une rose de jardins, de vents, de rayons, dont aucun secteur n’échappait tout à fait à l’influence de ma mère » Sido. On devine par cette citation que le thème du jardin qui entoure la maison de son enfance a son importance et fait écho au monde à célébrer tout en étant lié à la figure maternelle et aux souvenirs d'enfance

Le clin d'oeil aux souvenirs nous amène à penser que le monde est aussi celui du passé, aux souvenirs d'enfance que l'écriture tente de faire renaître comme un paradis perdu « J’appartiens à un pays que j’ai quitté » « Jour Gris ». 

La célébration du monde est liée aux pouvoirs d'une écriture capable de rendre beau ce monde, apte à sublimer et à esthétiser. 

 

1. Comprendre le parcours « Célébration du monde »

Le parcours invite à étudier comment la littérature, notamment la poésie et la prose poétique, rend hommage au monde, à sa beauté, à sa diversité et à la vitalité qui l’anime.
Célébrer le monde, c’est porter un regard émerveillé sur la nature, les êtres vivants, les sensations et les émotions humaines. C’est aussi restituer par l’écriture la richesse de ce qui nous entoure, parfois en mêlant réalisme sensoriel et lyrisme.

Ce parcours croise trois dimensions :

  • L’exaltation de la nature : la nature n’est pas seulement un décor, mais un personnage vivant.
  • L’attention aux sensations : la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe et le goût deviennent matière littéraire.
  • La dimension existentielle : célébrer le monde, c’est aussi interroger notre lien à lui, entre nostalgie, émerveillement et conscience du temps qui passe.

2. La célébration du monde chez Colette

Dans Sido et Les Vrilles de la vigne, Colette déploie une écriture sensuelle et lumineuse qui illustre parfaitement ce parcours.

A. La nature comme matrice de la vie

  • Dans Sido, la nature est décrite à travers le jardin familial, les saisons, les plantes, les animaux. Elle devient un espace formateur où l’enfant apprend à observer et ressentir.
  • Colette personnifie souvent la nature : les fleurs semblent dialoguer, les animaux possèdent une intériorité.
  • Exemple : les descriptions de roses ou de glycines ne se limitent pas à leur apparence, elles révèlent un lien intime entre l’observatrice et le monde végétal.

B. L’art de capter les sensations

  • Colette excelle dans l’évocation sensorielle : elle rend palpable l’odeur des fleurs, la chaleur d’un après-midi d’été, la douceur d’une patte de chat.
  • Dans Les Vrilles de la vigne, l’auteure invite à savourer l’instant présent par une écriture qui mêle précision du détail et souffle poétique.
  • Ce travail sensoriel fait de la lecture une expérience immersive : on ne lit pas seulement Colette, on sent, on touche, on goûte ses mots.

C. Une célébration teintée de nostalgie

  • La « célébration » n’exclut pas la conscience de la fuite du temps. Chez Colette, l’évocation de l’enfance, des paysages ou des plaisirs simples est traversée par une mélancolie discrète.
  • Dans Sido, les portraits familiaux (notamment celui de la mère) prennent valeur de mythologie personnelle, figée dans un passé idéalisé.
  • La nature devient un refuge face aux transformations de la vie, un espace de permanence dans un monde en mouvement.

3. Écriture et célébration

  • Colette célèbre le monde par une prose poétique qui repose sur des métaphores, des personnifications et un rythme musical.
  • Elle adopte un regard attentif et tendre, presque amoureux, sur les détails du réel.
  • L’écriture elle-même devient une manière de préserver ce qui disparaît : l’acte de décrire est un acte de sauvegarde.

 

Le parcours « Célébration du monde » trouve en Sido et Les Vrilles de la vigne une incarnation exemplaire.
Chez Colette, célébrer le monde, c’est :

Reconnaître sa beauté dans les moindres détails.

Vivre pleinement les sensations.

Transmettre à travers l’écriture une mémoire sensorielle et affective.

Ces œuvres ne sont pas seulement une ode à la nature et à la vie, mais aussi une méditation sur notre place dans ce monde fragile, entre émerveillement et perte.

 

 

 

En écho 

Une expérience unique, celle de la contemplation de la nature vers la paix de l'âme loin des maux existentiels 

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

Une expérience dans la solitude de l'immensité blanche propice à l'écriture :

" Sur la neige, avec un bâton, je trace le premier poème d’une série de “haïkus des neiges” : Pointillé des pas sur la neige : la marche couture le tissu blanc.
L’avantage de la poésie inscrite sur la neige, c’est qu’elle ne tient pas. Les vers seront emportés par le vent. "

 

Qui est Sylvain Tesson? 

Sylvain Tesson est un écrivain et voyageur français.

En 2010, il réalise un projet souvent évoqué auparavant, en allant vivre six mois (de février à juillet) en ermite dans une cabane au sud de la Sibérie, sur les bords du lac Baïkal. Il relate cette expérience solitaire dans son journal publié l'année suivante sous la forme d'un essai autobiographique intitulé : "Dans les forêts de Sibérie", qui est adapté au cinéma par Safy Nebbou en 2016. Sa vie dans sa cabane en bois sur les rives du lac Baïkal est un appel à la vie simple, six mois de frugalité, de simplicité, de liberté, de contemplation de la nature. 

Dans les forêts de Sibérie est à la fois un récit de voyage, un journal, un traité de philosophie, une découverte de la culture russe, un appel à la liberté et à la nature, une ouverture à soi.

Dans les forêts de Sibérie est par ailleurs un succès de librairie, la seule édition grand format s'étant vendue à plus de 250 000 exemplaires,  le livre a reçu le prix Médicis essai le 4 novembre 2011

Ce récit est également rattaché à la réalisation d'un documentaire télévisé de 52 minutes coréalisé avec Florence Tran et diffusé sur France  Le livre a fait l'objet d'une adaptation libre au cinéma dans un film homonyme réalisé par Safy Nebbou en 2016 avec Raphaël Personnaz et Evgueni Sidikhine dans les rôles principaux

Virgile Dureuil publie aux éditions Casterman en octobre 2019 une adaptation du récit en bande dessinée réalisée sous la supervision de Sylvain Tesson

Ce récit a fait aussi l'objet d'une adaptation au théâtre en 2023, par Estelle Andréa et William Mesguich

 

Résumé 

Sur ce territoire parsemé de cabanes forestières et météorologiques, l'auteur a pour motivation de ne pas nuire à la planète. Le printemps commence fin avril et les eaux se libèrent mi-mai. Un couple d'amis russes lui donne deux chiots. Mi-juin, sa compagne restée en France lui annonce qu'elle le quitte.

Sylvain Tesson livre le fruit de ses lectures et de ses réflexions, citant les auteurs littéraires qu'il lit et décrivant la flore et la faune qui l'entourent. Il parcourt certains jours plusieurs kilomètres autour de sa cabane, tantôt à pied, tantôt en patin à glace ou en kayak, ce qui donne lieu à des pages descriptives précises et évocatrices de cette région de la Sibérie.

L'auteur passe parfois quelques séjours à un ou deux jours de distance chez ses amis russes forestiers qui aussi viennent parfois brièvement lui rendre visite. Les discussions sur l'amour de la Sibérie, de la nature et de l'immensité du destin humain ont lieu au cours d'inspections de la forêt ou de repas amicaux. Ses amis sont informés par la radio des événements du monde. Quand il quitte cette robinsonade, Sylvain Tesson laisse ses chiens et se promet de revenir.

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 La célébration du monde 

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