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Corrigés du bac de français Polynésie française 2025

Sujets corrigés du bac de français 2025 Polynésie française

Le 25/04/2025 0

Dans Les sujets corrigés bac de français 2025 dès la sortie de l'épreuve

Polynésie française

 

Sujets du bac général 

 

Epreuve : Bac  Général

Matière : Français

Classe : Première

Centre : Polynésie française

Date : vendredi 13 juin 2025

Durée : 4h

 

 

Consultez les sujets du bac 2025

2025 francais voie generale2025 francais voie generale (330.22 Ko)

 

 

 

Commentaire 

 

Victor Segalen, Stèles (1912), « Conseils au bon voyageur »

Médecin, explorateur et poète, Victor Segalen (1878-1919) a parcouru la Chine et la Polynésie, et a nourri son œuvre d’une réflexion sur l’altérité et sur la richesse de la diversité du monde. Dans Stèles (1912), il adopte une forme inspirée des inscriptions gravées sur pierre en Chine ancienne, à la fois solennelle et méditative. Le texte « Conseils au bon voyageur » se présente comme une série d’injonctions destinées à guider le lecteur dans sa manière de voyager. Mais le voyage est-il seulement une expérience géographique, ou bien aussi une métaphore de l’existence et de la quête de sens ?

Problématique : Comment Segalen fait-il du voyage une expérience poétique et philosophique, où la diversité devient une valeur fondamentale ?

Annonce du plan : Nous verrons d’abord que le poème propose une véritable éthique du voyage (I), puis qu’il valorise une alternance féconde des contraires (II), avant de montrer qu’il conduit à une philosophie de la diversité comme horizon ultime (III).

I. Une véritable éthique du voyage

Un texte sous forme d’instructions.
Le poème adopte la forme d’un manuel, avec des impératifs (« ne choisis donc pas », « aime », « repose-toi »), qui donnent au texte une valeur prescriptive, presque comme un code de conduite. Le lecteur est placé en position d’apprenti voyageur.

Un art de vivre plus qu’un simple voyage.
Les conseils ne portent pas seulement sur des paysages ou des itinéraires, mais sur des attitudes existentielles : « si tu sais être seul », « garde bien d’élire un asile ». Le voyage devient une métaphore de la vie humaine, qui doit se garder de la routine et de l’immobilité.

Une quête de liberté.
Le poète rejette toute entrave : « sans licol et sans étable ». L’éthique du voyageur est celle d’une existence affranchie des contraintes, qui ne vise ni « mérites » ni « peines », mais une forme de liberté intérieure.

II. L’alternance des contraires comme principe fondateur

Ville et route, montagne et plaine.
Le poème valorise les contraires : l’enfermement de la montagne et l’ouverture de la plaine, la stabilité de la ville et le mouvement de la route. Loin de choisir, le voyageur doit alterner et goûter les deux expériences.

Silence et son, solitude et foule.
L’alternance s’étend à l’expérience sensible : l’oreille doit savourer le silence puis revenir au son ; l’homme doit savoir être seul mais aussi se « déverser » dans la foule. La diversité naît de ce passage d’un extrême à l’autre.

Douceur et intensité.
Le poème conseille de rompre la fadeur par « quelque forte épice qui brûle et morde ». Le voyage n’est pas une monotonie mais une intensification des expériences, qui se nourrissent du contraste.

III. La diversité comme horizon poétique et philosophique

Un rejet des absolus figés.
Segalen refuse l’« asile » ou la « vertu durable » : toute fixité est un danger. Le voyage est une manière d’éviter les certitudes définitives, au profit d’un perpétuel renouvellement.

Un idéal de mouvement.
La formule « sans arrêt ni faux pas » indique un cheminement continu, fluide. Le voyage n’a pas de terme immobile mais se nourrit de son propre dynamisme.

La célébration de la diversité.
Le poème s’achève sur une antithèse décisive : non pas « le marais des joies immortelles » (immobilité stérile), mais « les remous pleins d’ivresses du grand fleuve Diversité ». L’horizon ultime du voyage est la célébration de la variété infinie des expériences humaines et du monde.

Dans ce poème de Stèles, Victor Segalen fait du voyage une véritable métaphore de l’existence. Loin de rechercher la stabilité ou une vérité unique, il propose une éthique du mouvement, de l’alternance et de la diversité. L’art de voyager est ainsi un art de vivre, fondé sur la richesse de l’altérité et le refus des absolus immobiles.

Ouverture : Cette philosophie de la diversité fait écho à une conception moderne de l’altérité, proche de la pensée de Montaigne ou plus tard de celle de Claude Lévi-Strauss : se connaître soi-même, c’est aussi savoir accueillir et valoriser la différence des autres.

 

Dissertation 1

 

Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

Le candidat traite au choix, compte tenu de l’œuvre et du parcours associé étudiés durant l’année, l’un des trois sujets suivants :

A. Œuvre : Pierre Corneille, Le Menteur Parcours : Mensonge et comédie

Un critique écrit à propos du Menteur : « Si la comédie entretient des relations privilégiées avec le mensonge, c’est qu’il est rare qu’un mensonge reste sans suites ». En quoi cette citation éclaire-t-elle le rôle du mensonge dans la comédie de Corneille ?

Vous répondrez dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’œuvre de Pierre Corneille au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

 

Corrigé du sujet :

« Si la comédie entretient des relations privilégiées avec le mensonge, c’est qu’il est rare qu’un mensonge reste sans suites ». En quoi cette citation éclaire-t-elle le rôle du mensonge dans Le Menteur de Corneille ?

La comédie, depuis ses origines antiques, met en scène des travers humains avec humour et ironie, afin d’amuser tout en provoquant une réflexion morale. Dans Le Menteur (1644), Pierre Corneille explore le thème du mensonge à travers le personnage de Dorante, jeune homme séduisant mais fabulateur, dont les inventions entraînent quiproquos et malentendus.
Un critique affirme que si la comédie entretient un lien privilégié avec le mensonge, c’est parce qu’« il est rare qu’un mensonge reste sans suites ». Cette remarque éclaire le rôle central du mensonge dans la pièce : moteur de l’action, source de comique et révélateur des comportements humains.

Problématique : En quoi le mensonge, dans Le Menteur de Corneille, dépasse-t-il une simple ruse individuelle pour devenir le ressort comique et critique de la comédie ?

Annonce du plan : Nous montrerons d’abord que le mensonge constitue le moteur dramatique et comique de la pièce (I), puis qu’il entraîne des suites imprévisibles et fécondes pour l’intrigue (II), enfin qu’il éclaire, de manière plus profonde, la fonction morale et sociale de la comédie (III).

I. Le mensonge, moteur dramatique et comique de la pièce

Un ressort narratif essentiel.
Dorante invente des histoires pour séduire, se grandir et échapper à la vérité : il se vante d’exploits militaires, raconte une fausse rencontre galante… Ces inventions déclenchent et alimentent l’intrigue.

Un mécanisme comique universel.
Comme dans la tradition de la farce ou de Molière, le mensonge suscite le rire du spectateur, qui connaît la vérité et se délecte des maladresses du menteur. Le comique de situation (quiproquos, malentendus) est directement nourri par les mensonges de Dorante.

Un portrait caricatural du menteur.
Dorante incarne un type comique : celui du fabulateur. Son talent à inventer des récits outrés provoque l’admiration mais aussi le ridicule. Corneille s’inscrit ainsi dans la veine de la comédie de caractère.

II. Le mensonge et ses suites imprévisibles : l’engrenage de l’intrigue

Le mensonge entraîne des complications.
Chaque mensonge oblige Dorante à en inventer un nouveau pour cacher le précédent. L’action se construit sur cet enchaînement inévitable.

Les quiproquos amoureux.
Dorante confond Clarice et Lucrèce, ce qui entraîne des situations comiques de méprise. Le spectateur voit bien comment un mensonge, destiné à séduire, se retourne contre lui.

La vérité finit par s’imposer.
Comme souvent dans la comédie, le mensonge ne peut durer éternellement : il aboutit à une révélation, qui permet la résolution de l’intrigue. L’idée que « le mensonge a des suites » prend tout son sens : il prépare la vérité.

III. Une réflexion morale et sociale sur la comédie et le mensonge

Le mensonge comme critique des comportements humains.
Par Dorante, Corneille dénonce la vanité, le goût du paraître et la manipulation amoureuse. Le spectateur rit mais prend aussi conscience de travers universels.

Un apprentissage de la vérité.
Dorante finit par reconnaître ses fautes et tirer une leçon de ses mensonges. La comédie remplit ici une fonction éducative : elle fait rire mais aussi réfléchir.

La comédie, miroir de la société.
En mettant en scène le mensonge et ses suites, Corneille montre la difficulté des relations sociales et amoureuses, où la sincérité est constamment menacée par l’illusion et le jeu des apparences. Le mensonge révèle ainsi la fragilité des rapports humains.

Dans Le Menteur, le mensonge n’est pas un simple motif secondaire : il est au cœur de la construction dramatique, source de comique et moteur de l’action. Comme le souligne la citation, un mensonge entraîne toujours des suites : enchaînements de quiproquos, complications amoureuses, révélations finales. Mais au-delà du rire, Corneille fait du mensonge un révélateur moral, qui éclaire les travers humains et invite à réfléchir sur la valeur de la sincérité dans la vie sociale.

Ouverture : Ce rôle du mensonge dépasse Le Menteur : dans toute la tradition comique, de Molière (Tartuffe, L’Avare) jusqu’au théâtre contemporain, le mensonge reste un ressort dramatique privilégié, car il met en lumière, avec humour, les faiblesses universelles de l’homme.

 

 

Dissertation 2 

B. Œuvre : Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour

Parcours : Les jeux du cœur et de la parole

Dans quelle mesure le jeu de la parole nuit-il à l'expression sincère des sentiments dans On ne badine pas avec l'amour ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’œuvre d’Alfred de Musset au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

 

Sujet :

Dans quelle mesure le jeu de la parole nuit-il à l’expression sincère des sentiments dans On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset ?

Alfred de Musset (1810-1857), poète et dramaturge romantique, met en scène dans On ne badine pas avec l’amour (1834) une histoire d’amour contrariée entre Perdican et Camille. Leurs sentiments sont profonds, mais leur relation échoue tragiquement, en grande partie à cause du rôle des mots : ironie, provocation, dissimulation. Dans cette pièce, l’amour est soumis à un jeu verbal qui mêle séduction et cruauté.
Dès lors, on peut se demander : le jeu de la parole favorise-t-il l’expression de la sincérité, ou au contraire en constitue-t-il l’obstacle principal ?

Problématique : Dans quelle mesure la parole, dans On ne badine pas avec l’amour, devient-elle un jeu qui empêche les personnages de dire leurs véritables sentiments ?

Annonce du plan : Nous verrons d’abord que la parole est utilisée comme un instrument de séduction et de pouvoir (I), puis qu’elle devient un jeu cruel où se cache la sincérité des sentiments (II), enfin qu’elle conduit à un dénouement tragique qui révèle l’échec de la parole et la vérité de l’amour (III).

I. La parole comme instrument de séduction et de pouvoir

Un jeu mondain et amoureux.
Les personnages, notamment Perdican, manient la parole avec esprit et légèreté. Les réparties vives, les bons mots et les déclarations ambiguës servent à séduire et à se donner une image valorisante.

Un héritage romantique et aristocratique.
Dans la société représentée par Musset, le langage est un outil de brillance sociale. Il faut savoir jouer avec les mots pour exister : c’est un signe de culture et de distinction.

La parole, miroir des rapports de force.
Perdican utilise la parole pour provoquer Camille ; Camille, de son côté, se réfugie derrière des paroles de piété et de vertu pour se protéger. Le langage n’est donc pas neutre, mais une arme dans la relation amoureuse.

II. Un jeu cruel qui empêche l’expression sincère des sentiments

L’ironie et la dissimulation.
Perdican, par orgueil, dissimule son amour derrière des paroles moqueuses et des déclarations à Rosette. Camille, par fierté, cache son trouble derrière un discours religieux. Chacun parle pour ne pas dire ce qu’il ressent.

Les malentendus et quiproquos.
Le langage ambigu entraîne une incompréhension entre les personnages. Perdican pense se venger de Camille en séduisant Rosette, mais ses paroles blessent profondément les deux jeunes filles.

Une parole qui déforme la vérité des cœurs.
L’amour sincère existe, mais il ne parvient pas à s’exprimer pleinement : il est étouffé par les jeux rhétoriques, les sous-entendus, la peur d’avouer sa vulnérabilité.

III. L’échec de la parole et la vérité tragique de l’amour

Le langage mène au drame.
Les paroles de Perdican adressées à Rosette, entendues par Camille, provoquent la mort de Rosette. Ici, la parole n’est plus un jeu inoffensif : elle devient fatale.

La vérité révélée trop tard.
Camille et Perdican s’aiment sincèrement, mais leur fierté et leur jeu verbal retardent l’aveu. La sincérité n’apparaît qu’au prix de la tragédie, quand il n’est plus possible de réparer.

La pièce comme réflexion sur la fragilité du langage.
Musset montre que la parole est à la fois nécessaire pour exprimer l’amour et incapable de traduire la profondeur des sentiments. Le silence, au final, dit plus que les mots : c’est le non-dit qui fait éclater la vérité.

Dans On ne badine pas avec l’amour, la parole, loin de révéler spontanément les sentiments, devient un jeu dangereux qui masque la sincérité et provoque des malentendus tragiques. Instrument de séduction, elle se transforme en arme de provocation et d’orgueil, jusqu’à causer la mort de Rosette et l’échec de l’amour entre Perdican et Camille. Musset met ainsi en garde contre les excès du badinage verbal : on ne joue pas impunément avec le langage quand il s’agit de l’amour.

Ouverture : Cette réflexion dépasse Musset : elle interroge la nature même du langage amoureux. De Marivaux, où les jeux de langage retardent l’aveu, jusqu’au théâtre contemporain, la comédie comme le drame montrent que l’amour souffre toujours d’un écart entre ce que l’on ressent et ce que l’on dit.

 

Dissertation 3

C. Œuvre : Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non

Parcours : Théâtre et dispute

Selon un critique, dans Pour un oui ou pour un non, « ce sont les non-dits, les sous-entendus, ce qui se tisse entre les mots, qui sont la source des malentendus, qui minent les relations humaines », c’est-à-dire qui les fragilisent. En quoi ces propos éclairent-ils votre lecture de la pièce ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’œuvre de Nathalie Sarraute au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

 

Sujet :

Selon un critique, dans Pour un oui ou pour un non, « ce sont les non-dits, les sous-entendus, ce qui se tisse entre les mots, qui sont la source des malentendus, qui minent les relations humaines ». En quoi ces propos éclairent-ils votre lecture de la pièce ?

Nathalie Sarraute, écrivaine du XXᵉ siècle et figure du Nouveau Roman, transpose dans le théâtre les recherches d’une écriture qui traque l’infra-ordinaire, les « tropismes », ces mouvements invisibles qui animent les relations humaines. Dans Pour un oui ou pour un non (1982), une simple dispute éclate entre deux amis, à cause d’une expression banale – « C’est bien… ça » – qui déclenche une cascade d’interprétations et de reproches.
Le critique souligne que ce ne sont pas les mots eux-mêmes, mais leurs non-dits et leurs sous-entendus qui fragilisent la relation. Cela conduit à s’interroger :

Problématique : En quoi les sous-entendus et les silences, au cœur de Pour un oui ou pour un non, révèlent-ils la fragilité des relations humaines et le pouvoir destructeur du langage ?

Annonce du plan : Nous verrons d’abord que Sarraute met en évidence le rôle des mots et des intonations dans la naissance du conflit (I), puis que les sous-entendus et les malentendus nourrissent et amplifient la dispute (II), enfin que cette pièce interroge plus largement la fragilité des relations humaines et la difficulté de communiquer sincèrement (III).

I. Le poids des mots et des intonations dans la relation

Un mot insignifiant qui déclenche tout.
La pièce commence par un simple « C’est bien… ça », expression banale en apparence. Mais H2 y perçoit une ironie blessante. Cela montre que le conflit naît non pas du sens littéral des mots, mais de la manière dont ils sont entendus.

Le rôle déterminant du ton et du sous-entendu.
Sarraute insiste sur les « inflexions » de la voix, ces nuances qui portent un jugement implicite. C’est le ton, plus que le contenu, qui offense.

Un langage piégé.
Les personnages se trouvent pris dans les pièges du langage quotidien : chaque formule peut être soupçonnée de dissimuler une condescendance, une ironie, un mépris. Le langage devient un terrain miné.

II. Les non-dits et les malentendus comme sources du conflit

L’importance de l’interprétation.
Ce que dit l’un n’est jamais reçu tel quel : l’autre y lit des sous-entendus. Le malentendu est permanent, car chacun interprète en fonction de ses attentes, de sa sensibilité, de ses blessures.

Une dispute sans véritable fondement.
La querelle ne repose sur aucun fait objectif : elle se nourrit de ce qui se « tisse entre les mots ». Ainsi, la pièce met en lumière la disproportion entre la cause (un mot banal) et la conséquence (une rupture amicale).

Le langage comme révélateur de l’inconscient.
Derrière les mots se jouent des enjeux affectifs profonds : peur d’être méprisé, orgueil blessé, besoin de reconnaissance. Les non-dits révèlent ce qui échappe au contrôle des personnages.

III. Une réflexion sur la fragilité des relations humaines et sur la communication

L’amitié mise en péril.
Le lien amical, a priori solide, se défait pour un détail linguistique. Cela montre combien les relations humaines reposent sur un équilibre fragile, vulnérable aux malentendus.

Une critique de la communication ordinaire.
Sarraute dévoile les limites du langage quotidien, où la transparence est impossible. Chaque mot est sujet à interprétation, chaque silence est lourd de sens.

Une portée universelle.
Derrière une dispute minuscule, Sarraute met en scène l’impossibilité d’une communication totalement sincère. La pièce illustre une vérité humaine : nos relations sont fragiles parce qu’elles passent par le filtre incertain du langage.

Le propos du critique éclaire pleinement Pour un oui ou pour un non. Sarraute y montre que les mots ne sont jamais neutres : leurs inflexions, leurs silences et leurs sous-entendus pèsent lourdement sur nos relations. Les malentendus naissent de ces zones invisibles entre les mots et minent l’amitié comme l’amour. Ainsi, la pièce illustre avec force la fragilité de la communication humaine.

Ouverture : D’autres dramaturges, de Molière à Ionesco, ont montré que le langage pouvait être source de comédie ou d’absurde. Mais chez Sarraute, cette fragilité n’est pas risible : elle traduit l’impossibilité tragique de se dire pleinement à autrui.

 

 

 

Consultez les sujets corrigés du bac 2024

 

  • – Arthur Rimbaud, Cahier de Douai / Parcours : Émancipations créatrices.
  • Les poèmes de Rimbaud dans le Cahier de Douai ne sont-ils que des poèmes de l’émancipation ?
  • Corrigé bac 

 

  • Hélène Dorion écrit à propos des forêts : « et quand je m’y promène / c’est pour prendre le large / vers moi-même ».
  • Les promenades d’Hélène Dorion dans ses forêts ne sont-elles qu’un voyage à l’intérieur de soi ?
  • Correction

 

  • Dans La rage de l’expression, pensez-vous que Francis Ponge ne cherche à donner à voir que son travail d’écriture ?
  • Correction

 

La Poésie à l'honneur au bac de français 2024 

 

Le Bac de français 2024 a consacré la poésie comme un pilier incontournable de la culture littéraire. Ce genre littéraire a dominé les épreuves écrites avec une sélection de trois œuvres majeures qui ont nourri douze sujets de dissertation, répartis entre la métropole, les centres étrangers et les DOM-TOM. Parmi ces œuvres, celles de Rimbaud, Francis Ponge et Hélène Dorion ont offert aux candidats une plongée dans des univers poétiques singuliers et profonds.

  • Métropole 
  • Dans Mes forêts, Hélène Dorion écrit : « mes forêts racontent une histoire ».
  • En quoi cette citation éclaire-t-elle votre lecture de l’œuvre ?
  • Deux corrigés bac
  • Groupe 1, Centres Etrangers 
  • Dans mes forêts, la nature n'est-elle qu'une métaphore de l'intériorité? 
  • Correction  -  Autre correction
  •  Centres Etrangers. Amérique du nord 
  • Sujet : Le recueil Mes forêts est-il seulement un chant personnel ?
  • Correction  
  • Métropole 
  • Dans le poème « Sensation », Arthur Rimbaud écrit: « j'irai loin, bien loin ».
  • Selon vous, le Cahier de Douai répond-il à ce projet ?
  • Correction - Autre correction 
  • Centres Etrangers, Groupe 1 
  • Un critique écrit à propos d’Arthur Rimbaud : « Son désir ? Tout réinventer, tout vivre, tout redire. Tout abattre d’abord ».
  • Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle votre lecture du recueil Cahier de Douai ?
  • Correction   
  • Amérique du nord, Centres Etrangers 
  • Sujet : On a dit de Rimbaud qu’il était un des « grands aventuriers du rêve ».
  • Cette affirmation éclaire-t-elle votre lecture des Cahiers de Douai ? 
  • Correction 
  • Métropole 
  • Selon un critique, La rage de l'expression donne à voir « l'écriture en plein travail et se regardant travailler ».
  • Cette citation éclaire-t-elle votre lecture de l'œuvre ?
  • Correction  -  Autre corrigé
  • Centres Etrangers, Groupe 1 
  • Un critique affirme : « Chaque fois recommencée, sans aboutissement possible, l’œuvre s’explore, progresse péniblement, cherche sa propre fluidité, son bon écoulement ».
  • En quoi cette réflexion vous paraît-elle pouvoir éclairer le travail à l’œuvre dans la Rage de l’expression ?
  • Correction  - Autre corrigé 
  • Centres Etrangers, Groupe 2
  • Sujet : Dans son poème « Le Mimosa », Francis Ponge écrit : « Il faut que je prenne le lecteur par la main […] en lui affirmant qu’il goûtera sa récompense lorsqu’il se trouvera enfin amené par mes soins au cœur du bosquet de mimosas […] ».
  • Cette affirmation éclaire-t-elle, selon vous, le projet poétique du recueil La Rage de l’expression ? 
  • Correction 

 

Sujets du bac technologique

Epreuve : Bac  technologique

Matière : Français

Classe : Première

Centre : Polynésie française

Durée : 4h

Consultez les sujets du bac 2025

2025 francais voie technologique2025 francais voie technologique (569.06 Ko)

Vous traiterez au choix, l’un des deux sujets suivants :

  • 1- Commentaire de texte (20 points)
  • 2 – Contraction de texte (10 points) et essai (10 points)

 

 

Commentaire

 

Sully Prudhomme, premier prix Nobel de littérature en 1901, appartient au courant parnassien tout en annonçant parfois les préoccupations philosophiques des symbolistes. Dans son recueil Stances et poèmes (1865), il publie L’Habitude, texte qui personnifie cette force invisible qui guide nos vies. Le poème décrit d’abord l’habitude comme une présence familière et rassurante, avant d’en souligner le danger : elle endort la raison et asservit la liberté.

Ce contraste amène à se demander :

Problématique : Comment Sully Prudhomme donne-t-il de l’habitude une image à la fois rassurante et inquiétante, en révélant son pouvoir sur la vie humaine ?

Annonce du plan : Nous verrons d’abord que le poète fait de l’habitude une compagne domestique et familière (I), puis qu’il souligne son rôle d’aide et de guide invisible (II), enfin qu’il révèle son caractère redoutable, qui étouffe la liberté et réduit l’homme à une mécanique (III).

I. Une personnification familière : l’habitude comme compagne quotidienne

Une étrangère devenue proche.
Le poème s’ouvre sur une opposition : « L’habitude est une étrangère » mais qui « s’installe dans la maison ». La métaphore domestique met en valeur son intrusion discrète dans l’intimité de l’homme.

Une figure féminine rassurante.
L’habitude est assimilée à une « ancienne ménagère », figure traditionnelle de fidélité et de soin. Elle est « discrète, humble, fidèle », qualités qui rappellent celles d’une compagne attentive.

Une présence invisible mais constante.
L’habitude est partout (« familière avec tous les coins »), mais on ne la remarque pas. Comme une servante silencieuse, elle agit dans l’ombre, rendant sa présence à la fois rassurante et insidieuse.

II. Une force protectrice et silencieuse qui guide l’homme

Un guide bienveillant.
L’habitude « conduit les pieds de l’homme », elle connaît sa destination « sans qu’il le nomme ». Elle apparaît comme une alliée intérieure qui oriente sans effort.

Une vigilance constante.
Elle associe la fermeté (« d’un geste sûr ») et la douceur (« les lèvres du sommeil »). Cette double image évoque une protectrice qui sécurise l’existence tout en permettant le repos.

Un travail invisible et efficace.
Le poète insiste sur le silence de cette action (« travaillant pour nous en silence »), qui rend la vie plus simple. L’habitude s’intègre aux gestes quotidiens, soulageant l’homme d’un effort de conscience.

III. Une puissance redoutable qui asservit et déshumanise

Un joug qui aliène.
Derrière la douceur, Sully Prudhomme dénonce « son joug » : l’image du servage révèle le danger de se laisser dominer par elle.

La liberté menacée.
L’habitude « endort la jeune liberté ». Elle ne tue pas brutalement, mais engourdit insensiblement l’élan vital, transformant la spontanéité en répétition monotone.

La déshumanisation.
La chute du poème est brutale : ceux qui s’y abandonnent « sont des hommes par la figure, des choses par le mouvement ». L’habitude transforme l’homme en automate, réduit à une mécanique répétitive.

À travers une personnification originale, Sully Prudhomme décrit l’habitude comme une compagne ambiguë : rassurante par sa fidélité et son efficacité, mais redoutable par son pouvoir d’asservir. Ce poème illustre la réflexion du poète sur les forces invisibles qui gouvernent nos vies et interroge le fragile équilibre entre confort de la répétition et perte de liberté.

Ouverture : On peut rapprocher ce texte des réflexions de Pascal sur la force de la coutume, ou encore des analyses de Bergson, qui montre que l’habitude facilite nos gestes mais risque de figer notre pensée.

Contraction de texte et essai 1

  • Sujet A – Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV.
  • Parcours : la bonne éducation.
  • Texte d’après Olivier Rey et Maxime Travert, « Réduire les bienfaits des pratiques sportives à un simple apport sanitaire ne permet pas de mesurer l’étendue d’une éducation fondée sur le sport », tribune publiée dans Le Monde, le 26 mars 2024.

Vous résumerez ce texte en 185 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre texte comptera au moins 167 mots et au plus 203 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Contraction (185 mots)

L’année olympique relance le débat sur la place du sport à l’école. Les pouvoirs publics en soulignent surtout les bénéfices sanitaires, en proposant 30 minutes quotidiennes d’activité à l’école primaire et deux heures hebdomadaires supplémentaires au collège. [50]

Or, l’éducation physique et sportive (EPS), déjà présente tout au long de la scolarité, ne se réduit pas à entretenir la santé. Elle constitue un espace éducatif essentiel, permettant aux élèves de développer savoirs, savoir-faire, savoir-être et savoir-devenir, en vivant des expériences sportives diversifiées. [100]

La pratique du sport agit aussi sur l’estime de soi, les compétences sociales et la réussite scolaire. Pourtant, les jeunes abandonnent souvent le sport à partir du collège, à cause du climat ou des contraintes liés aux pratiques proposées. À côté de ces « décrocheurs », existent aussi des « non-sportifs ». [150]

Pour répondre à cette diversité, l’EPS doit proposer une pratique « hybride » : compétition, performance ou épreuve, laissant place au choix, au plaisir et à la co-construction de l’effort. Elle doit valoriser l’élève, favoriser l’accompagnement et adapter ses activités à chaque profil.

Essai : Selon vous, une bonne éducation peut-elle ignorer le corps ?

Depuis l’Antiquité, la question de la place du corps dans l’éducation divise les penseurs. Certains, comme Platon, accordaient la primauté à l’âme et à l’esprit, tandis que d’autres, tel Montaigne, insistaient sur l’importance de former « une tête bien faite plutôt que bien pleine », en n’oubliant pas l’expérience corporelle. Au XVIᵉ siècle, Rabelais, dans Gargantua, propose un idéal éducatif humaniste où l’exercice physique et l’apprentissage intellectuel se complètent. Aujourd’hui encore, comme le souligne la tribune d’Olivier Rey et Maxime Travert, réduire le sport scolaire à ses bénéfices sanitaires serait méconnaître sa portée éducative plus large.

Dès lors, peut-on considérer qu’une bonne éducation puisse ignorer le corps ?

Nous verrons d’abord que certaines conceptions traditionnelles ont eu tendance à négliger le corps au profit de l’esprit (I), mais que les humanistes, de Rabelais à nos jours, ont insisté sur la nécessité d’une éducation corporelle (II), et enfin que le véritable idéal éducatif repose sur une formation harmonieuse et globale de l’être humain (III).

I. Les conceptions traditionnelles de l’éducation : un corps négligé

Une valorisation de l’esprit au détriment du corps.
Longtemps, l’éducation s’est centrée sur la transmission des savoirs intellectuels, considérant le corps comme secondaire, voire comme un obstacle.

Une tradition religieuse de méfiance envers le corps.
Le christianisme médiéval, en particulier, valorisait l’ascèse et la discipline de l’âme, le corps étant souvent associé au péché ou à la tentation.

Les dérives d’un tel déséquilibre.
Comme le dénonce Rabelais dans les chapitres XI à XXIV de Gargantua, une éducation uniquement livresque, qui enferme l’élève dans des exercices stériles, étouffe sa vitalité et ne prépare pas à la vie.

II. L’apport de l’éducation corporelle selon les humanistes et les pédagogues modernes

Chez Rabelais : former l’homme tout entier.
Gargantua, après une éducation médiévale stérile, reçoit une formation humaniste qui associe exercices physiques, jeux, chasse, natation et sports à la culture des lettres et des sciences. L’homme s’épanouit par une éducation du corps et de l’esprit.

Les bénéfices du sport selon les pédagogues contemporains.
Comme le rappellent Rey et Travert, le sport développe non seulement la santé physique, mais aussi la confiance en soi, la socialisation et même les compétences scolaires.

Une ouverture vers d’autres penseurs de l’éducation.
Montaigne, dans Les Essais, insiste déjà sur l’importance de l’expérience vécue et corporelle dans la formation du jugement. Rousseau, dans Émile, propose que l’éducation passe d’abord par le contact physique avec la nature et les activités du corps.

III. Vers une éducation complète : unir le corps et l’esprit

Une vision globale de l’être humain.
L’éducation doit viser à former un être équilibré, où le corps et l’esprit s’accordent. Le sport n’est pas un divertissement accessoire, mais une composante essentielle de l’épanouissement.

Un enjeu social et culturel.
Le corps, à travers les pratiques collectives, permet de construire des liens, de transmettre des valeurs comme le respect, l’effort ou le courage. Cela rejoint l’idéal humaniste d’une éducation tournée vers la vie en société.

Un idéal toujours d’actualité.
Comme chez Rabelais, la bonne éducation ne doit pas dissocier théorie et pratique, mais cultiver la diversité des expériences, intellectuelles, physiques et sensibles, pour préparer des citoyens libres et complets.

Ainsi, une éducation qui ignorerait le corps manquerait une dimension essentielle de la formation humaine. Si certaines traditions ont longtemps relégué le corps au second plan, les humanistes comme Rabelais ont montré que l’équilibre entre le corps et l’esprit est indispensable. Aujourd’hui encore, l’éducation physique et sportive joue un rôle fondamental, non seulement pour la santé, mais aussi pour l’épanouissement personnel et social des élèves.

Ouverture : Cette réflexion rejoint les idéaux de l’éducation antique, comme chez les Grecs, où l’« arèté » associait l’excellence du corps et celle de l’esprit : un modèle d’harmonie encore valable pour notre époque.

 

Contraction de texte et essai 2

 

  • Sujet B – La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme ».
  • Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine.
  • Texte d’après Christilla Pellé-Douël, « Sommes-nous tous naturellement bons ? », Psychologies magazine, 21/02/2024.

Contraction de texte Vous résumerez ce texte en 170 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre texte comptera au moins 153 mots et au plus 187 mots.

Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

 

Contraction de texte

Jacques Lecomte, docteur en psychologie, défend l’idée que l’homme est naturellement plus porté vers l’altruisme, l’empathie et la coopération que vers la violence. Des études montrent que même les bébés aident spontanément autrui, et que la générosité active des zones cérébrales du plaisir. Inversement, l’injustice suscite dégoût et rejet, ce que confirment les neurones miroirs. L’éducation, la culture et le milieu renforcent ou inhibent ces tendances. (50)

La guerre n’est pas spontanée : tuer répugne et entraîne culpabilité, d’où l’usage de conditionnements ou de drogues pour obtenir la violence. Le goût de l’action peut être satisfait sans agressivité, comme le prouvent certains jeux vidéo. La violence pure ne touche qu’une faible minorité de sociopathes. Ainsi, « l’homme n’est pas un loup pour l’homme ». (100)

Rousseau affirmait que l’humanité repose sur l’empathie, sans laquelle elle aurait disparu. Mais il constatait que le goût du pouvoir et de la richesse a remplacé cette bonté originelle. Levinas, lui, définit la bonté comme la capacité à se mettre à la place d’autrui. (150)

Nombre de mots : 170

 

Essai Peindre les hommes peut-il changer le regard sur la nature humaine ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question en prenant appui sur le chapitre « De l’Homme » des Caractères de La Bruyère, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Depuis l’Antiquité, les penseurs et les écrivains s’efforcent de peindre les hommes, c’est-à-dire de décrire leurs comportements, leurs passions et leurs travers. La Bruyère, dans Les Caractères, observe avec minutie les ridicules de son temps pour atteindre une vérité universelle sur la nature humaine. Mais représenter l’homme n’est pas seulement un exercice de style : cette peinture peut-elle modifier la manière dont nous concevons l’humanité, et donc changer notre regard sur elle ?

On montrera d’abord que peindre les hommes a une valeur de connaissance, en révélant la complexité de la nature humaine ; puis que cette peinture peut transformer notre jugement moral et notre vision du bien et du mal ; enfin, que ces représentations orientent les comportements sociaux et individuels, ouvrant la voie à une éducation plus humaine.

I. Peindre les hommes, un moyen de mieux connaître la nature humaine
La Bruyère, en multipliant les portraits et les maximes, révèle à travers des figures particulières des vérités universelles : l’avare, l’hypocrite, l’ambitieux deviennent des archétypes intemporels. La peinture des hommes est ainsi une école d’observation et de lucidité. De même, Montaigne, dans les Essais, en se peignant lui-même, vise à peindre l’humanité entière. Ces représentations affinent notre perception de la nature humaine, en montrant qu’elle n’est ni simple ni univoque.

II. Une peinture qui peut modifier le jugement moral
Décrire les hommes, ce n’est pas seulement les montrer : c’est aussi faire réfléchir sur ce qu’ils sont et ce qu’ils devraient être. La critique des travers humains suscite une forme de mise à distance. La Bruyère incite à condamner l’égoïsme ou la vanité. De même, Jacques Lecomte, dans les travaux résumés par Christilla Pellé-Douël, montre que l’homme est naturellement plus enclin à l’altruisme qu’à la cruauté : cette « peinture » scientifique modifie l’idée pessimiste selon laquelle « l’homme est un loup pour l’homme ». Ainsi, peindre l’homme contribue à redéfinir ce que l’on pense du bien et du mal.

III. Une influence éducative et sociale : changer le regard, changer les comportements
La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle n’a pas seulement cherché à analyser mais aussi à transformer. Rabelais, dans Gargantua, associe la connaissance du corps et de l’esprit pour proposer une éducation complète. Rousseau, dans l’Émile, peint l’homme tel qu’il pourrait être, naturellement bon avant d’être corrompu par la société, et invite à une réforme éducative. Ces représentations transforment non seulement les idées mais aussi les pratiques sociales. En montrant l’homme sous un autre jour, elles ouvrent la possibilité d’une amélioration collective.


Peindre les hommes, qu’il s’agisse de portraits satiriques, de réflexions philosophiques ou d’analyses scientifiques, ne se réduit pas à un exercice de style : cela éclaire la nature humaine, modifie notre jugement moral et peut inspirer des réformes sociales et éducatives. Si la littérature et la pensée ne suffisent pas à transformer immédiatement les comportements, elles transforment les représentations : et changer le regard sur l’homme, c’est déjà commencer à changer l’homme lui-même.

 

 

Contraction de texte et essai 3

 

  • Sujet C – Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
  • Parcours : écrire et combattre pour l’égalité. Texte d’après Oriane Amalric, Le genre dans la littérature jeunesse, Synthèse de l’intervention dans le cadre d’une conférence organisée par la BPI (Bibliothèque publique d’information) et le réseau des médiathèques de Brest en juin 2021.

Contraction de texte Vous résumerez ce texte en 178 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre texte comptera au moins 161 mots et au plus 195 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

 

Contraction (178 mots)

Les travaux de chercheuses révèlent une surreprésentation des personnages masculins dans la littérature jeunesse (65 %), tendance confirmée chez les héros. Une enquête menée en 2020 par Oriane Amalric dans une classe montre que les activités calmes ou domestiques sont attribuées aux filles, tandis que les activités physiques, intellectuelles et artistiques reviennent surtout aux garçons. [50]
Les filles apparaissent comme jolies, douces et rêveuses, les garçons comme forts et courageux. Les motifs récurrents opposent la princesse et le chevalier. Les personnages masculins sont présentés comme neutres, alors que le féminin est marqué par un accessoire ou un détail esthétique. Ces représentations influencent l’image que les enfants se font d’eux-mêmes et du monde. [100]
Les inégalités quantitatives et qualitatives produisent une norme masculine et limitent l’éventail des modèles proposés aux filles. Celles-ci s’habituent à s’identifier aux garçons, mais pas l’inverse. La valorisation asymétrique des qualités contribue à hiérarchiser les sexes. [150]
Sans créer directement les inégalités, les livres participent à la socialisation genrée. Pour y remédier, Amalric propose de compter et analyser les personnages, accompagner la lecture d’un discours critique, communiquer avec enseignants et parents, et diversifier les fonds.

Nombre de mots : 178

 

Essai La littérature et les arts renforcent-ils les stéréotypes et les préjugés ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle ».

Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

 

Depuis toujours, la littérature et les arts reflètent les sociétés qui les produisent, mais aussi contribuent à façonner les mentalités. Ils diffusent des représentations collectives qui peuvent être à la fois libératrices et aliénantes. Ainsi, Olympe de Gouges, dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), dénonçait la place subalterne réservée aux femmes dans les représentations sociales et politiques. Plus récemment, l’étude d’Oriane Amalric sur la littérature jeunesse a montré que les récits renforcent souvent des images stéréotypées des sexes. On peut alors se demander : la littérature et les arts sont-ils condamnés à renforcer les stéréotypes et les préjugés, ou bien peuvent-ils au contraire les combattre et ouvrir à de nouveaux horizons ?

I. Littérature et arts : miroirs d’une société traversée de préjugés

Les œuvres reproduisent les représentations dominantes de leur époque : par exemple, les contes traditionnels opposent la princesse passive au chevalier valeureux.

Ces représentations véhiculent des normes sociales : dans la littérature jeunesse étudiée par Amalric, les filles sont associées à la douceur et à la domesticité, les garçons à l’action et à l’intelligence.

La répétition de ces motifs contribue à enraciner inconsciemment les stéréotypes, comme le montre la socialisation genrée transmise par les livres et les images.

II. Mais littérature et arts sont aussi des lieux de contestation des préjugés

Olympe de Gouges utilise le langage politique et littéraire pour renverser l’exclusion des femmes et montrer l’injustice des représentations.

La littérature d’idées (Rousseau, Montesquieu, Voltaire) a souvent remis en question les préjugés de son temps, qu’il s’agisse des privilèges sociaux, des discriminations religieuses ou du colonialisme.

L’art peut détourner les clichés pour les critiquer : parodie, satire ou ironie révèlent la construction artificielle des stéréotypes.

III. Un rôle actif de transformation : quand la littérature et les arts ouvrent à de nouvelles représentations

Les œuvres proposent d’autres modèles d’identification, en donnant voix à des personnages ou des perspectives marginalisées.

Elles permettent une prise de distance critique : les lecteurs, confrontés à d’autres visions, peuvent interroger leurs propres préjugés.

Aujourd’hui, enrichir la littérature jeunesse ou les arts de récits diversifiés et égalitaires participe à transformer l’imaginaire collectif et à déconstruire la hiérarchie entre les sexes et les identités.

La littérature et les arts ont une double fonction : ils peuvent, en reflétant la société, entretenir et renforcer les stéréotypes, mais ils peuvent aussi les dénoncer et ouvrir la voie à de nouveaux modèles. Tout dépend de l’usage qu’en font les auteurs et des lectures que l’on en propose.

On pourrait se demander si, à l’ère des réseaux sociaux et des productions audiovisuelles de masse, la responsabilité de lutter contre les stéréotypes ne pèse pas aujourd’hui davantage sur les industries culturelles que sur la littérature seule.

 

 

 

Vous pouvez aussi consulter les sujets 2024

 

Consultez les sujets du bac 2024

 

La littérature d'idées 

  • A - Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV. Parcours : la bonne éducation.
  • B - La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l'Homme ». Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine.
  • C - Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule »). Parcours : écrire et combattre pour l'égalité.

 

 

 

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