Tu viens de passer l’écrit du bac de français 2025 en série technologique.
Que tu aies choisi le commentaire ou l’exercice de contraction de texte suivi d’un essai, cette page te propose des corrigés détaillés pour t’aider à te situer, comprendre les attentes de l’épreuve. Ces propositions ne sont pas les seules possibles, mais elles respectent les exigences du bac et mettent en valeur une méthode claire et efficace. Bonne lecture, et bon courage pour la suite !
Epreuve : Bac technologique
Matière : Français
Classe : Première
Centre : Métropole
Date : 13 juin 2025
Heure : 08h00
Durée : 4h
Coefficient : 5
Le baccalauréat technologique
Evaluation sur un commentaire de texte, ou une contraction de texte suivie d'un essai.
L'épreuve est notée sur 20 points, ou sur 10 points + 10 points.
L'épreuve écrite dure 4 heures et représente un coefficient 5 pour tous les candidats.
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Vous traiterez au choix, l’un des deux sujets suivants :
1- Commentaire de texte (20 points)
Objet d’étude : la poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Richard Rognet, Élégies pour le temps de vivre, 2012.
Il reste toujours quelque chose des amours
mortes ou perdues, un regard sur les prés,
sur une fleur qui penche vers le soir,
sur les montagnes qui émergent après
(…)
- Vous commenterez ce poème de Richard Rognet. Vous pourrez prêter plus particulièrement attention :
- - à l’évocation lyrique de la nature ;
- - au va-et-vient entre le souvenir d’hier et l’attente de demain
2- Contraction de texte (10 points) et essai (10 points)
Objet d’étude : la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
Compte tenu de l’œuvre et du parcours étudiés durant l’année, vous traiterez l’un des trois sujets suivants :
Sujet A- Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV. Parcours : la bonne éducation.
Texte d’après Martine Fournier, « Apprendre tout au long de la vie », Éduquer et former, 2016.
Sujet B- La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme ». Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine.
Texte d’après Jean-François Dortier, « Empathie et bienveillance », Sciences humaines, 2017.
Sujet C- Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Parcours : écrire et combattre pour l’égalité.
Texte d’après Françoise Nyssen, discours prononcé à l’occasion du comité ministériel pour l’égalité entre les hommes et les femmes dans la culture et la communication, 7 février 2018.
Commentaire de texte :
Poème : Richard Rognet, Élégies pour le temps de vivre (2012)
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
La poésie est souvent un lieu de méditation intime, où les souvenirs et les émotions profondes se mêlent aux éléments naturels pour traduire le flux du temps, de la vie et de l’amour. Depuis les Romantiques jusqu’à la poésie contemporaine, la nature y devient le miroir de l’âme, un décor sensible à travers lequel se disent les blessures, les regrets, mais aussi les espoirs.
Dans ce poème extrait de Élégies pour le temps de vivre (2012), Richard Rognet explore avec une grande délicatesse la persistance du passé amoureux et l’émergence d’un désir de renouveau. Le poème est écrit en vers libres, sans ponctuation, dans un souffle continu, où la nature se fait écho des souvenirs et messagère d’un espoir discret.
Problématique : Comment Richard Rognet parvient-il à exprimer, à travers une nature lyrique, la tension entre la nostalgie du passé et l’espoir d’un amour à venir ?
Annonce du plan : Nous verrons d’abord comment la nature est intimement liée à la mémoire amoureuse, puis comment le poète installe un dialogue entre passé et futur, avant d’analyser comment l’élégie se fait ici chant doux et apaisé, entre mélancolie et lumière.
I. Une nature chargée d’émotion et de réminiscence
1. Un univers sensoriel et doux
Le poème est peuplé d’images naturelles simples mais évocatrices : « une fleur qui penche vers le soir », « les brumes du matin », « les neiges », « les étoiles filantes », « les averses d’été ». Cette nature quotidienne devient poétique par sa sensibilité. On y sent la fraîcheur, les couleurs, les odeurs – comme dans « les averses d’été qui sentent si bon ». L’univers naturel sert de relais aux émotions humaines.
2. Une nature miroir de l’âme
Ces éléments ne sont pas seulement décoratifs. Ils traduisent les états d’âme du poète. Ainsi, « une fleur qui penche vers le soir » suggère une fin, une fragilité. « Les brumes du matin » évoquent l’incertitude, la confusion de l’esprit. Chaque image traduit une émotion : la tristesse, la douceur, la solitude ou l’espoir.
3. Une poésie du regard et de l’intériorité
Le poème commence par un regard : « un regard sur les prés ». C’est un paysage vu à travers la subjectivité du poète. Le monde extérieur est filtré par l’intériorité. On retrouve ici une tradition lyrique où la nature est transfigurée par le sentiment.
II. Un va-et-vient subtil entre souvenirs d’hier et désir de demain
1. L’anaphore du « il reste » : une mémoire vivante
La répétition de « il reste » en début de vers crée une mélodie douce et insiste sur la persistance du passé. L’amour disparu ne disparaît pas totalement : « il reste toujours quelque chose des amours mortes ou perdues ». Ces fragments du passé sont encore présents dans le regard, la mémoire, les sensations.
2. Une mémoire affective, ouverte, inachevée
Le passé est fait de « rêves inachevés », de « souvenirs », de choses fugitives comme des « étoiles filantes » ou la neige. Le poème évoque une mémoire douce-amère, où ce qui a été vécu continue à habiter l’instant présent, sans nostalgie excessive mais avec une forme de tendresse.
3. L’émergence d’un désir d’avenir
À la fin du poème, on glisse du souvenir vers une ouverture : « on se sent proche d’un nouvel amour ». Le mot « nouvel » est porteur d’espoir, de renouveau. Cet amour n’est pas certain, mais il est possible, « à la lisière du temps », comme en suspens. Le futur se profile doucement, dans une hésitation poétique.
III. Une élégie douce, entre mélancolie et lumière
1. Un rythme souple et un souffle mélodieux
Le poème est en vers libres, sans ponctuation. Cela crée une continuité de souffle, une voix intérieure fluide, comme une méditation murmurée. Les enjambements fluidifient la lecture et participent à l’harmonie générale.
2. Une tonalité élégiaque sans douleur excessive
Bien que le poème évoque des amours « mortes ou perdues », il ne s’agit pas d’un cri de douleur. L’élégie ici est paisible, presque sereine. Le poète accepte la trace du passé, il ne cherche pas à la fuir. C’est une mélancolie habitée, vécue, qui se transforme en espérance discrète.
3. Une image finale pleine de douceur
La dernière image du poème est magnifique : « un dernier sourire, avant de s’en aller ». Elle condense toute l’émotion du texte : la beauté fragile d’un amour, la fin d’un moment, la douceur d’un adieu. Elle laisse une impression d’apaisement, comme si le poète acceptait le cycle de la vie.
Dans ce poème délicat et musical, Richard Rognet offre une méditation sur le temps, la mémoire et l’amour. En mêlant le souvenir à la sensation, le regard au rêve, il transforme la nature en témoin silencieux des élans du cœur. La parole poétique devient alors le lieu d’un équilibre subtil entre le passé qui subsiste et l’avenir qui se dessine.
Ouverture : Cette poésie de l’intime et du sensible prolonge la tradition élégiaque des poètes romantiques, tout en rejoignant des voix contemporaines comme celles de Philippe Jaccottet ou Jean-Michel Maulpoix, qui font de la poésie un lieu de réconciliation avec le temps.
Contraction de texte et essai A :
Aujourd’hui, l’apprentissage dépasse largement les cadres traditionnels de l’école ou de l’université. [50]
Les individus apprennent en permanence, stimulés par le numérique qui rend l’accès aux savoirs instantané et illimité : de Wikipédia à YouTube, les ressources sont variées, pratiques, accessibles à tous. [100]
La fracture numérique redoutée ne s’est pas réalisée, grâce à la diffusion mondiale des téléphones portables.
Dans cette continuité, l’éducation populaire, qui prônait l’accès à la culture pour tous, trouve une forme nouvelle : adolescents créateurs en ligne, visiteurs de musées, voyageurs curieux, participants d’universités populaires ou encore usagers des réseaux sociaux apprennent selon leurs goûts et besoins. [150]
Dans le monde professionnel, la transition vers une économie de la connaissance exige des compétences en autonomie, innovation et adaptation, remplaçant le travail répétitif d’hier.
Selon Philippe Carré, nous vivons dans des sociétés de « l’apprenance », où savoirs et compétences sont essentiels au développement personnel et à la richesse collective.
La révolution numérique, avec ses réseaux et ses technologies, a transformé les économies, favorisant la recherche et la formation.
Institutions nationales et internationales encouragent cette dynamique, faisant de l’éducation un capital humain crucial face à l’instabilité économique et à la multiplication des parcours professionnels. [194]
Nombre total de mots : 194
Sujet : Une bonne éducation amène-t-elle à apprendre tout au long de sa vie ?
Qu'est-ce qu'une bonne éducation ? Est-ce simplement transmettre un savoir scolaire ou bien éveiller chez l’individu un désir de comprendre, de réfléchir, d’apprendre encore et toujours ? L’éducation ne se limite plus à l’enfance ni à l’école : elle se prolonge aujourd’hui tout au long de l’existence. Cette idée d’apprendre à apprendre, au cœur des réflexions contemporaines sur l’enseignement, est déjà présente dès la Renaissance, notamment dans Gargantua de Rabelais, où l’éducation humaniste vise à former un esprit libre et curieux.
Le texte contemporain de Martine Fournier souligne également que nous sommes entrés dans des sociétés dites de « l’apprenance », où chacun est amené à se former tout au long de la vie, pour des raisons personnelles ou professionnelles. La question se pose alors : une bonne éducation favorise-t-elle réellement un apprentissage continu tout au long de la vie ?
Nous verrons que la bonne éducation, lorsqu’elle est fondée sur l’éveil de l’esprit, pousse naturellement à poursuivre son apprentissage, qu’elle permet de s’adapter dans un monde en constante évolution, mais aussi qu’elle ne garantit pas toujours cette dynamique sans volonté personnelle ou conditions sociales favorables.
I. Une bonne éducation, en éveillant la curiosité, incite à l’apprentissage permanent
1. Rabelais et la formation d’un esprit libre
Dans Gargantua, Rabelais oppose deux modèles éducatifs : celui, stérile, de l’apprentissage mécanique (représenté par les sophistes) et celui, humaniste, fondé sur l’observation, l’expérience et la lecture des auteurs antiques. Ponocrates apprend à Gargantua à observer le monde, à cultiver son jugement et sa mémoire. Cette éducation ne se termine pas à l’école : elle est le début d’un processus continu.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », écrit Rabelais. Il ne s’agit pas seulement d’accumuler des savoirs, mais de former un homme capable de réfléchir, de s’interroger – ce qui est essentiel pour continuer à apprendre.
2. L’éducation humaniste comme modèle de formation permanente
La pédagogie humaniste vise à former un esprit ouvert, critique et curieux. Elle valorise les langues, les arts, les sciences, mais aussi l’éducation physique et morale. Cette formation globale développe un goût de la connaissance durable. L’élève éduqué selon ces principes ne se contente pas d’un savoir figé : il poursuit par lui-même sa quête de sens et de savoirs.
3. Des auteurs du siècle des Lumières dans cette lignée
Voltaire, Rousseau ou Diderot ont également insisté sur la nécessité de former l’homme libre, autonome, éclairé. Pour eux, une bonne éducation n’a de sens que si elle permet à l’individu de penser par lui-même et de ne jamais cesser de chercher la vérité.
II. L’éducation comme outil d’adaptation dans un monde en mutation
1. Le texte contemporain : apprendre toute sa vie, une nécessité moderne
Dans le texte de Martine Fournier, on voit que l’acte d’apprendre s’est élargi à tous les âges de la vie. Grâce aux nouvelles technologies, chacun peut accéder facilement à la connaissance, que ce soit pour des raisons personnelles (cuisine, culture, jardinage) ou professionnelles (formation continue).
2. Le monde du travail exige de nouvelles compétences
Le travail n’est plus figé. L’évolution rapide des métiers, notamment dans les secteurs du numérique, oblige les individus à s’adapter sans cesse. Une bonne éducation initiale donne les outils pour apprendre à apprendre, pour rebondir, se former, s’ajuster. Elle développe l’autonomie, l’esprit critique, la créativité.
3. Apprendre est devenu une compétence vitale
Comme l’explique Philippe Carré, nous vivons dans une « société de l’apprenance » où apprendre est une condition de survie et d’épanouissement. Ceux qui ont reçu une éducation qui développe l’initiative et le questionnement auront plus de facilités à s’inscrire dans cette dynamique.
III. Mais une bonne éducation ne suffit pas toujours : d'autres facteurs entrent en jeu
1. La volonté individuelle : apprendre demande un effort personnel
Même la meilleure éducation ne peut rien sans la volonté d’apprendre. Il faut de la motivation, de la curiosité, un projet personnel. Certains peuvent avoir reçu une bonne éducation mais s’en désintéresser avec le temps, par lassitude, pression sociale ou manque d’opportunités.
2. Les inégalités sociales limitent l’apprentissage tout au long de la vie
Le texte de Fournier le rappelle : malgré l’accès élargi à la culture, des inégalités persistent. Tous n’ont pas le temps, les moyens ou les repères pour s’engager dans des démarches de formation continue. L’éducation initiale ne peut tout régler si les conditions de vie ne permettent pas de poursuivre cet effort.
3. Une éducation figée ou autoritaire peut produire l’effet inverse
Une éducation qui impose sans éveiller, qui se limite à des savoirs à réciter, peut dégoûter de l’apprentissage. L’élève formé dans la peur ou l’ennui aura plus de mal à devenir un adulte apprenant. Il faut donc penser l’éducation comme un élan, pas comme un carcan.
Une bonne éducation, au sens où l’entendent Rabelais, les penseurs des Lumières ou les pédagogues contemporains, constitue bien la base d’un apprentissage continu : elle forme un esprit capable de curiosité, d’initiative et d’autonomie. Mais elle ne suffit pas à elle seule. Il faut également des conditions sociales favorables et une volonté personnelle de progresser.
Ouverture : Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde mouvant et incertain, il devient vital de repenser l’éducation comme une formation permanente, dès l’enfance, mais aussi tout au long de la vie. Peut-être est-ce là le véritable défi éducatif du XXIe siècle.
Contraction de texte et essai B :
La mode de l’empathie et des qualités comme la bienveillance est mesurée par la fréquence du mot et les ouvrages sur le sujet. L’éthologie, avec Frans de Waal, démontre que l’empathie existe chez les animaux (primates, rats, dauphins, oiseaux), où la solidarité prime sur la lutte. Chez l’humain, l’empathie est essentielle dès la naissance, notamment dans la relation mère-enfant. (50 mots)
Le terme a trois sens : l’empathie cognitive, capacité à comprendre pensées et intentions d’autrui (appelée théorie de l’esprit) ; l’empathie affective, qui concerne la compréhension des émotions sans forcément les partager, parfois même perverse ; et l’empathie compassionnelle, ou sollicitude, qui implique une bienveillance active, comme consoler un proche sans ressentir forcément la même émotion. (100 mots)
L’importance grandissante de l’empathie s’explique par deux logiques : les idées et les attentes sociales. D’un côté, l’éthique du « care » valorise le souci des personnes vulnérables. De l’autre, la montée des professions de soin (infirmiers, aides-soignants) a renforcé la demande de bienveillance. Aujourd’hui, la sollicitude s’étend à l’éducation, au management et à la politique. (150 mots)
« Pour bien peindre les hommes, faut-il les considérer avec empathie ? »
Plan proposé
Introduction
Présentation de la question : peindre les hommes, c’est tenter de comprendre et décrire la nature humaine.
Définition rapide de l’empathie : capacité à comprendre les pensées, émotions et intentions d’autrui.
Problématique : l’empathie est-elle indispensable à la juste représentation des hommes ?
I. L’empathie, un outil essentiel pour comprendre la nature humaine
Dans Les Caractères, La Bruyère observe les hommes avec un regard souvent critique, mais cherche à dévoiler leurs travers, ce qui demande une certaine compréhension profonde.
Le texte de Dortier montre que l’empathie permet de comprendre non seulement les actes, mais aussi les émotions et intentions, ce qui est fondamental pour peindre fidèlement les individus.
L’empathie cognitive et affective enrichissent le portrait en donnant accès aux pensées et sentiments d’autrui.
II. Les limites de l’empathie dans la représentation des hommes
La Bruyère reste parfois distant et ironique, montrant que l’observation critique ne dépend pas forcément d’une empathie chaleureuse.
L’empathie peut être biaisée ou perverse (cf. texte : « empathie affective perverse »), ce qui peut fausser la représentation.
Dans la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle (ex. Montaigne, Pascal), on trouve souvent un regard distancié, parfois sceptique, sur l’homme, suggérant que la lucidité passe aussi par un certain détachement.
III. Une empathie équilibrée pour une peinture juste des hommes
L’empathie « compassionnelle », qui combine compréhension et bienveillance, semble la plus adaptée pour éviter jugement hâtif ou cynisme.
L’observation doit rester rigoureuse, fidèle à la réalité humaine dans sa complexité, entre forces et faiblesses, vertus et défauts.
La littérature, en mêlant empathie et esprit critique, peut ainsi peindre un portrait riche, nuancé et vrai de l’homme.
Conclusion
Réponse synthétique : Pour bien peindre les hommes, une forme d’empathie est nécessaire, mais elle doit s’accompagner d’esprit critique.
La juste représentation de l’homme repose sur un équilibre subtil entre compréhension et distance.
Cette approche permet de révéler la nature humaine dans toute sa complexité.
Essai complet
Peindre les hommes consiste à décrire leurs comportements, pensées et émotions pour mieux comprendre leur nature. Faut-il pour cela les considérer avec empathie ? L’empathie, cette capacité à percevoir les émotions et intentions d’autrui, semble un outil précieux pour saisir la complexité humaine. Dans Les Caractères, La Bruyère observe avec minutie les travers et qualités des hommes, parfois avec ironie, mais aussi avec un souci de vérité qui demande une certaine compréhension profonde. Le texte de Jean-François Dortier souligne que l’empathie, qu’elle soit cognitive ou affective, permet d’entrer dans la pensée et les émotions d’autrui, rendant possible une description plus complète et fidèle.
Cependant, l’empathie a ses limites. La Bruyère ne se contente pas d’un regard compatissant : il est aussi critique, ce qui montre que l’observation ne repose pas toujours sur une bienveillance totale. Le texte souligne d’ailleurs que l’empathie affective peut être perverse, ce qui peut fausser la représentation. Par ailleurs, dans la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle, comme chez Montaigne ou Pascal, l’homme est souvent décrit avec scepticisme, suggérant que la lucidité passe parfois par une certaine distance, nécessaire pour éviter illusions ou jugements biaisés.
Ainsi, la meilleure manière de peindre les hommes semble être une empathie équilibrée, compassionnelle, alliant compréhension et bienveillance, mais aussi esprit critique. Cette posture permet d’éviter à la fois l’indifférence froide et l’aveuglement affectif. Elle ouvre la voie à un portrait nuancé, riche en nuances, fidèle aux contradictions humaines. En somme, peindre les hommes exige à la fois cœur et raison, empathie et lucidité, pour saisir leur nature complexe dans toute sa vérité.
Contraction de texte et essai C:
L’égalité femmes-hommes a beaucoup progressé en soixante-dix ans, mais seulement en droits, pas encore en actes. Ce défi reste majeur au XXIe siècle, y compris en France. L’actualité récente rappelle les stéréotypes, discriminations, non-dits et mentalités qui persistent. Les statistiques confirment ces inégalités quotidiennes, cumulées en une injustice majeure. Par exemple, moins d’un long métrage sur quatre est réalisé par une femme, moins d’un tiers des œuvres dans les théâtres publics sont signées par des femmes, et seulement 2 % des œuvres jouées dans les labels sont composées par des femmes.
Les femmes dirigent moins d’un tiers des labels culturels, souvent avec les plus faibles budgets, et aucune femme ne dirige un Centre national de création musicale ni un orchestre labellisé par l’État. Les prix prestigieux témoignent aussi de cette inégalité : peu de femmes nommées ou récompensées. Elles gagnent en moyenne 10 à 20 % de moins que les hommes.
Face à cela, trois attitudes : fatalisme, passivité ou volontarisme. La ministre choisit la voie volontariste, soutenant quotas et objectifs chiffrés. Le secteur culturel doit être exemplaire et moteur dans ce combat pour l’égalité.
Nombre total de mots : 191 mots.
Essai
La littérature et la culture peuvent-elles montrer la voie pour combattre les inégalités ?
Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.
Plan proposé
Introduction
Présentation du sujet : les inégalités persistent malgré les progrès.
Rôle possible de la littérature et de la culture pour combattre ces inégalités.
Annonce du plan : on montrera d’abord comment la littérature et la culture dénoncent les inégalités, puis comment elles peuvent inspirer des actions concrètes.
I. La littérature et la culture comme outils de dénonciation des inégalités
Exemple d’Olympe de Gouges avec la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qui dénonce les inégalités entre hommes et femmes et réclame l’égalité juridique.
Le texte de Françoise Nyssen illustre que ces inégalités persistent aujourd’hui, notamment dans le secteur culturel lui-même, ce qui montre que la culture n’est pas neutre.
Référence aux écrivains du XVIe au XVIIIe siècle (Montesquieu, Voltaire, Rousseau) qui ont critiqué les injustices sociales et défendu des idées d’égalité et de justice.
II. La littérature et la culture comme leviers pour changer les mentalités et agir
La littérature développe l’empathie et la compréhension, ce qui est fondamental pour faire évoluer les mentalités et les comportements (voir le texte sur l’empathie).
Par la représentation des inégalités et des luttes dans les œuvres, la culture sensibilise le public et nourrit les débats (exemple : les romans engagés, le théâtre contestataire).
La culture peut aussi être un espace d’expérimentation politique et sociale, comme le montre la volonté de la ministre Nyssen d’utiliser la culture pour promouvoir l’égalité par des actions concrètes (quotas, objectifs chiffrés).
En ce sens, littérature et culture peuvent être des moteurs d’une révolution des consciences.
Conclusion
Résumé : la littérature et la culture jouent un rôle double, critique et constructif, pour combattre les inégalités.
Elles sont indispensables mais ne suffisent pas seules : elles doivent s’accompagner d’actions politiques et sociales.
Invitation à continuer à s’appuyer sur elles pour bâtir une société plus juste.
Essai complet
La littérature et la culture ont depuis longtemps montré qu’elles pouvaient être des armes puissantes pour dénoncer les inégalités. Dès le XVIIIe siècle, Olympe de Gouges, avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, a mis en lumière les injustices subies par les femmes et a revendiqué leur égalité en droit. Ce combat pour l’égalité se poursuit aujourd’hui, comme le rappelle Françoise Nyssen dans son discours, qui souligne les nombreuses inégalités persistantes, même dans le secteur culturel. Cette contradiction montre que la culture n’est pas neutre : elle peut refléter les discriminations mais aussi les combattre. Par ailleurs, les penseurs des Lumières, tels Montesquieu ou Rousseau, ont critiqué l’ordre social injuste et proposé des idées qui ont inspiré les révolutions et les avancées démocratiques.
Mais la littérature et la culture ne se contentent pas de dénoncer : elles permettent aussi de transformer les mentalités. Elles développent l’empathie, cette capacité à comprendre et ressentir les émotions d’autrui, ce qui est essentiel pour faire évoluer les comportements individuels et collectifs. Par la représentation des luttes et des inégalités, elles sensibilisent le public et nourrissent les débats, comme le montrent les romans engagés ou le théâtre contestataire. Enfin, la culture est un espace d’expérimentation sociale, comme le démontre la politique volontariste de la ministre Nyssen, qui souhaite utiliser des quotas et des objectifs chiffrés pour accélérer la révolution des consciences en faveur de l’égalité. Ainsi, littérature et culture sont des leviers indispensables pour impulser un changement durable.
En conclusion, la littérature et la culture jouent un double rôle, critique et constructif, dans la lutte contre les inégalités. Elles permettent d’éclairer les injustices et de faire évoluer les mentalités. Mais elles ne suffisent pas à elles seules : leur force ne prend sens que si elle s’accompagne d’actions concrètes sur le plan politique et social. C’est pourquoi il est essentiel de continuer à s’appuyer sur elles pour construire une société plus juste et égalitaire.
Le corrigé des sujets du bac 2024
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Commentaire de texte :
Le roman et le récit du Moyen Age au XXIe siècle.
Wajdi Mouawad, Anima, 2012. Le roman de Mouawas a une particularité : chaque chapitre est écrit du point de vue d'un animal. Il s'agit ici du chapitre intitulé "Grus canadensis".
Contraction de texte et essai :
Sujet A : Rabelais, Gargantua
Texte : Manon Paulic, Le défi de l’éducation
Contraction
L’arrivée de CHATGPT perturbe le domaine éducatif car elle force les enseignants à revoir leurs pratiques éducatives, en particulier celle de la correction.
Des moyens de lutter contre la tricherie toujours possible par IA sont expérimentés de manière universelle mais s'avèrent inefficaces en matière de maîtrise urgente des outils numériques.
Il est donc nécessaire d’introduire les intelligences artificielles dans les pratiques enseignantes, d’amener les élèves à les utiliser avec éthique.
Cela pourrait renforcer l'enseignement et développer chez l'élève de nouvelles capacités cognitives indispensables pour affronter le monde d'aujourd'hui. Mais cette introduction des intelligences artificielles comporte toujours des risques et des dérives possibles.
Essai : Une bonne éducation peut-elle se passer d’emmagasiner des connaissances ?
Les candidats pouvaient s’appuyer sur l’étude de Gargantua (Rabelais) pour répondre à cette question et construire leur réflexion autour des arguments suivants :
- les connaissances sont nécessaires au développement d’un esprit critique, à la conscience de valeurs et de principes nécessaires pour l’épanouissement personnel mais aussi pour s’inscrire dans la société.
- Mais la méthode de l’apprentissage, celle de l’emmagasinement est à interroger
Sujet B : La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme » – Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine.
Texte : Mélanie Semaine, « Restons polis, Mais pourquoi ? »
Les idées qui devaient être trouvées dans cet extrait sont les suivantes :
Contraction
La politesse serait le signe de notre nature profonde en déchéance à cause des mœurs puisque la société moderne, superficielle valorise le culte du moi en nous forcant à nous comparer les uns aux autres alors qu'elle devrait encourager les aspirations de chacun tant au niveau moral que personnel.
La politesse se dévoile tel un artifice juste capable d'entretenir les valeurs les plus superficielles. Il serait ainsi nécessaire de la discréditer pour révéler la nature véritable de chacun dans ce qu'il a de plus sincère.
Or, la politesse, essentielle dans nos sociétés modernes favorise le bien vivre ensemble, il parait donc utopique de pouvoir la supprimer, cela supposerait une acceptation totale de ce que les autres pensent. Sans politesse, vivre en société semble être difficile.
Essai : Pensez-vous que les marques de sociabilité comme la politesse nous empêchent de connaître les hommes tels qu’ils sont ?
Les candidats pouvaient s’appuyer sur l’étude des Caractères (La Bruyère) pour répondre à cette question et construire leur réflexion autour des arguments suivants :
Notre société est sensible aux démonstrations de politesse capables de renforcer le bien vivre ensemble en créant une cohésion. La politesse semble également permettre à chacun de trouver et de faire reconnaître sa place dans la société, d’affirmer et de faciliter les relations sociales entre individus, elle nous pousse à passer de Soi à l’Autre.
Mais elle est aussi un moyen de camoufler nos vraies pensées, nos états d'âme les plus profonds. A l'image parfois de ce que l'on pourrait appeler " l'hypocrisie sociale ", la politesse devient un moyen de manipuler l'autre en dissimulant nos véritables intentions en écho à La Bruyère dans " De l'Homme ". La sociabilité peut aussi être à l'origine d'un rapport de force avec l'autre pouvant aller jusqu'au mépris, remarque 69 sur la Modestie de La Bruyère.
Sujet C : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Texte : Marie-Eve Thérenty, « De la Fronde à la guerre (1897-1918) : les premières femmes reporters »
Les idées qui devaient être trouvées dans cet extrait sont les suivantes :
Contraction
En créant des reportages sur la guerre, les femmes journalistes ont revendiqué leur liberté et ainsi rivalisé avec les hommes journalistes.
Si les femmes n’avaient pas le droit d’aller sur le front, elles parvenaient à alimenter la propagande de guerre. Ainsi, les reportages de guerre féminins se sont distingués à deux niveaux : celui des infirmières et celui des femmes derrière le front.
Par cette catégorisation, les récits de guerre écrits par les femmes à la fois crédibles et populaires revendiquent l'importance du rôle des femmes dans la guerre,
Ces récits de guerre ont modifié les critères habituellement attribués aux femmes remettant en question la distinction de genre entre homme et femme. Ainsi, ils ont contribué à faire évoluer l'image et la perception de la femme aux yeux de la société.
Essai : En quoi le fait d’écrire est-il une arme dans la lutte pour l’égalité ?
Les candidats pouvaient s’appuyer sur l’étude de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (Olympe de Gouges) pour répondre à cette question et construire leur réflexion autour des arguments suivants :
Dénoncer les inégalités, susciter l’indignation des lecteurs ; les amener à prendre conscience des inégalités et à lutter contre celles-ci. Olympe de Gouges emploie une argumentation directe, particulièrement virulente et persuasive dans le préambule et le postambule pour dénoncer la société patriarcale et sexiste de son temps.
Écrire est un outil pour combattre les inégalités, l'écriture permet d'ancrer les luttes pour l'égalité de manière universelle et intemporelle. Ainsi de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne redécouverte au XXe siècle est toujours d'actualité du point de vue du combat féministe dans nos sociétés modernes.
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