Les pièces Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset, et Le Menteur de Pierre Corneille, bien qu'appartenant à des époques et des genres théâtraux différents, partagent des thématiques et des approches dramaturgiques, avec des différences malgré tout au niveau des contextes et du style.
Points communs
Thématique des relations humaines et des malentendus :
Les trois pièces explorent les complexités des relations humaines, souvent à travers des malentendus ou des incompréhensions. Dans Pour un oui ou pour un non, les personnages se querellent à cause de l'interprétation subjective de phrases banales. On ne badine pas avec l'amour traite des jeux de pouvoir et des quiproquos amoureux qui conduisent à des tragédies. De même, Le Menteur repose sur les mensonges et les quiproquos du protagoniste, Dorante, qui enchaîne les tromperies pour parvenir à ses fins.
Importance du langage :
Dans les trois œuvres, le langage joue un rôle central. Sarraute met en avant la manière dont les mots, même anodins, peuvent déclencher des conflits profonds. Musset utilise le langage pour révéler les non-dits et les passions refoulées entre les personnages. Corneille, quant à lui, montre comment le mensonge et la manipulation du langage peuvent transformer la réalité.
Critique sociale :
Les œuvres proposent également une critique de la société de leur époque respective. Sarraute examine les non-dits et la superficialité des interactions sociales. Musset critique les conventions sociales qui étouffent les sentiments sincères. Corneille, de son côté, met en lumière l’hypocrisie et la frivolité de la société parisienne à travers les mensonges de Dorante.
Différences
Contexte historique et littéraire :
Pour un oui ou pour un non est une œuvre contemporaine (1982) du Nouveau Roman, où Sarraute expérimente avec le langage et le non-dit dans un contexte minimaliste. On ne badine pas avec l'amour (1834) s'inscrit dans la tradition romantique, explorant la passion et la tragédie à travers un mélange de comédie et de drame. Le Menteur (1643) appartient au classicisme, mettant en avant la rigueur des règles des trois unités (temps, lieu, action) et l’importance de la vraisemblance.
Genre et tonalité :
Sarraute écrit une pièce de théâtre d'avant-garde, presque absurde, où la banalité du quotidien devient le point de tension dramatique. Musset oscille entre la comédie et la tragédie, créant un drame romantique où le ton léger vire au sombre. Corneille, quant à lui, propose une comédie classique, où le mensonge et la tromperie sont sources de quiproquos humoristiques.
Structure dramatique :
Pour un oui ou pour un non est une pièce en un acte, très concentrée sur le dialogue et l’introspection des personnages, sans véritable intrigue traditionnelle. On ne badine pas avec l'amour a une structure plus complexe, avec plusieurs actes et un enchaînement d’événements qui mènent à une fin tragique. Le Menteur suit une intrigue classique avec des rebondissements, des quiproquos, et une résolution comique.
En résumé, ces trois œuvres abordent des thèmes communs liés aux relations humaines, au langage, et à la critique sociale, mais elles le font dans des contextes, des genres, et des styles très différents. Les différences dans la structure dramatique, le genre, et le ton reflètent les époques et les intentions des auteurs.