Défendre son choix de lecture 

J’ai choisi de vous présenter cette réécriture romanesque dont les grands thèmes de la tragédie, vengeance et passion à travers le destin d’une héroïne dont Malaka tel un aède raconte l’histoire est une illustration des plaisirs romanesques procurés par le personnage marginal de Salina : Dès l'incipit, le narrateur suscite l'intérêt du lecteur qui a envie de connaître la suite car Salina est une enfant sans origines. 
Cette femme aux trois exils quitte le royaume de son enfance, est bannie du village pour n’avoir pas secouru son mari sur les champs de bataille et finit par se faire chasser des terres Djimba. Cette histoire est celle d’une femme sans origine, rejetée, vivant dans le désert en marge de la société dans le but de devenir libre. Elle devient ainsi marginale par cette vie recluse mais sa soif de vengeance devenue sa raison de vivre dont le second fils Koura Kumba est le bras armé,  entrave sa liberté. Elle commet le péché de démesure, l’hybris car elle est rongée par son besoin de vengeance, ce qui n’est pas sans rappeler le destin tragique de la tragédie antique dont les paroles de Malaka font écho dès le prologue : « Moi, Malaka, fils élevé dans le désert par une mère qui parlait aux pierres, je vais raconter Salina, la femme aux trois exils ». 
Mais la rédemption est possible grâce au fils de la paix, Malaka qui lui offre sa dernière demeure, au seuil du tombeau, la parole est rendue à Salina, ce troisième fils annonce la fin de la tragédie, elle est enterrée avec dignité et l’histoire de ce personnage en marge devient une légende. 
D’actualité par le thème de l’exil, ce livre percute le monde d’aujourd’hui. Il donne aussi à voir l’homme face à ses colères et ses haines dans une possible réconciliation, consolation par le don de soi, la paix avec l’autre et le passé.  

Questions / Réponses 

Les questions anticipées de l'examinateur 

En quoi le roman Salina, les trois exils est-il une illustration du parcours « Personnages en marge, plaisirs du romanesque » ?
Le roman est centré sur un personnage marginal : Salina.
Dès le début, avec un incipit qui présente Salina, enfant sans origines, le narrateur suscite l’intérêt du lecteur qui voudra connaître le mystère qui se cache derrière les origines de l’héroïne. De même le récit de sa vengeance, son désir de vivre recluse, sont sources de romanesque : à chaque étape de sa vengeance, surviennent des rebondissements qui éveillent l’intérêt du lecteur.
Ainsi avec ce roman, on a une illustration de la contribution des personnages en marge dans la constitution des plaisirs du romanesque.
Quelle est la structure du livre? 
Salina, les trois exils est un roman complexe par sa structure avec son récit encadré et ses analepses.
Salina, les trois exils comporte un récit cadre et un récit encadré. Le récit cadre est pris en charge par un narrateur à l’extérieur de l’histoire, le récit encadré est pris en charge par Malaka
Quels éléments du roman rappellent la tragédie antique?
les première paroles de Malaka sont comme une sorte de prologue qui prépare le spectateur au récit du destin tragique de Salina.
Salina fait preuve d’hybris  car elle est aveuglée par la vengeance, elle finit seule.
En quoi ce roman propose-t-il une réflexion autour de la condition féminine ?
le lecteur est amené à réfléchir au statut de la femme, à ses conditions de vie, dans une société archaïque où tout est régi par les traditions. Elle n'a aucun droit en tant que femme, elle ne peut pas choisir l'homme qu'elle aime et veuve, la tradition veut qu'elle épouse le frère de son défunt mari. Quand elle vivait chez les Djimba, son corps ne lui appartenait pas : Saro la viole. Elle ne devient réellement libre que lorsqu’elle vit recluse dans le désert, lorsqu’elle devient marginale. 
Ce roman nous propose aussi une réflexion sur la condition féminine avec un personnage féminin qui refuse son statut de femme soumise.
L’amour est aussi un autre thème important : Laurent Gaudé nous montre qu’il peut être source de conflit.
Différentes visions de l’amour sont proposées dans ce roman
Avec le triangle amoureux Salina-Saro-Kano, Laurent Gaudé nous montre comment l’amour peur être à l’origine de conflits.
Avec Saro qui viole Salina, il y a une illustration de l'amour physique. 
L'amour filial est illustré avec Malaka et Koura Kumba : une dévotion du fils pour sa mère (qui n'est pas biologique)