Préparer l'entretien du bac de français
Le Bal des voleurs de Jean Anouilh
Comédie-ballet pétillante et grinçante, Le Bal des voleurs de Jean Anouilh mêle humour, critique sociale et réflexion sur le théâtre.
Cette page t’aide à préparer une lecture cursive vivante et un entretien de haut niveau pour le bac.
Lecture cursive n° 1
Durée 2 minutes
Dans Le Bal des voleurs, Jean Anouilh mêle la comédie, le pastiche aristocratique et une forme de douce rébellion contre les normes sociales, pour proposer une pièce étonnamment subversive sous des airs de divertissement léger. J’ai particulièrement apprécié cette œuvre pour la manière dont elle détourne les codes de la comédie de mœurs et pour les questions qu’elle pose sur l’identité, le mensonge et la liberté.
À première vue, l’intrigue pourrait sembler anodine : une vieille dame excentrique, une station thermale, des aristocrates désœuvrés, des voleurs qui se font passer pour des nobles… Mais tout est faux, tout est théâtre. Et c’est précisément là que réside la force de la pièce : Le Bal des voleurs est un jeu de masques où chacun s’amuse à endosser un rôle — celui du voleur, de la demoiselle, du père indigné, du duc romantique — comme sur une scène de carnaval. Cette mise en scène permanente sert un propos plus profond : la société elle-même est une comédie où chacun joue sa partition pour sauver les apparences.
Le personnage de Lady Hurf, par exemple, incarne cette lucidité ironique : elle sait dès le départ que les voleurs sont des imposteurs, mais choisit de jouer le jeu. Elle se moque ainsi du monde qui l’entoure, en particulier des bourgeois arrivistes comme les Dupont-Dufort, ridiculisés par leur obsession de la dot. Elle incarne une forme d’intelligence joyeuse, qui préfère le scandale à l’ennui, l’illusion au conformisme.
Ce qui m’a le plus touché, c’est la relation entre Gustave et Juliette. Dans un univers où tout est faux, leur amour semble être la seule chose sincère. Et pourtant, même cet amour est compromis par le mensonge : Gustave est contraint de voler, Juliette doute. La scène finale, où il choisit de ne pas l’emmener dans sa vie de voleur, marque un sursaut moral inattendu. Le rire laisse place à une émotion plus grave, presque mélancolique : la vérité ne triomphe jamais tout à fait, mais une certaine forme de dignité, si.
En définitive, Le Bal des voleurs m’a plu pour son humour subtil, ses retournements de situation et la manière dont il critique la société tout en la parodiant. Anouilh nous montre que la comédie peut être un masque… pour mieux dire le vrai.
Lecture cursive n° 2
J’ai choisi de lire Le Bal des voleurs de Jean Anouilh, une pièce écrite en 1938, qui m’a marqué par son ton à la fois léger et acide. Sous ses allures de comédie-ballet pleine de quiproquos, la pièce porte une critique très fine des apparences sociales, du mensonge et de la vanité du monde bourgeois.
Dès les premières scènes, tout est faux : les voleurs se font passer pour des aristocrates ruinés, les aristocrates eux-mêmes jouent un rôle, et même l’amour semble n’être qu’un jeu de dupes. Ce qui est frappant, c’est qu’Anouilh ne cherche pas à dénoncer frontalement les personnages, mais à les tourner en ridicule avec une certaine tendresse cruelle. Les Dupont-Dufort, par exemple, sont des banquiers grotesques prêts à vendre leur fils pour une dot ; Lady Hurf, elle, s’amuse à manipuler tout ce petit monde comme une metteuse en scène de théâtre. Elle ne cherche pas la vérité, mais le divertissement. Et c’est là, je trouve, que la pièce devient intéressante : elle nous montre un monde où le mensonge est plus agréable que la réalité.
Ce qui m’a beaucoup plu aussi, c’est la manière dont Anouilh joue avec le théâtre lui-même. Les personnages sont presque conscients qu’ils jouent une pièce : tout est orchestré comme une comédie dans la comédie, jusqu’à l’invraisemblable révélation finale où Lord Edgard reconnaît en Gustave son fils disparu… pour permettre un mariage que la morale interdit. Cela montre que les conventions sociales ne sont qu’un décor qu’on peut modifier à volonté, tant qu’on reste dans le jeu.
Enfin, derrière le masque de l’humour, il y a une vraie mélancolie. Le personnage de Gustave, notamment, est touchant : il aimerait échapper à sa condition de voleur, mais il est pris dans un rôle qu’il n’a pas choisi. C’est peut-être le seul à chercher un peu de vérité dans un monde de faux-semblants. Cela m’a fait réfléchir à notre propre société, où les apparences comptent souvent plus que la sincérité.
En somme, Le Bal des voleurs est une pièce drôle, brillante, mais aussi amère, qui nous invite à regarder derrière les masques. Anouilh y mêle théâtre, critique sociale et satire des classes avec une grande finesse.
Les questions anticipées de l'examinateur
Questions / Réponses
1. Connaissance de l’œuvre
Qui est Jean Anouilh ?
Jean Anouilh est un dramaturge français du XXe siècle, né en 1910 et mort en 1987. Il est connu pour ses pièces où le théâtre se mêle à une réflexion sur la vérité, l’illusion et la révolte. Il a écrit à la fois des tragédies modernes comme Antigone et des comédies grinçantes comme Le Bal des voleurs. Il distingue lui-même deux types de pièces : les "pièces roses" (légères, comiques) et les "pièces noires" (plus graves). Le Bal des voleurs appartient à la première catégorie.
Quel est le genre de la pièce ?
C’est une comédie-ballet, en quatre tableaux. Elle emprunte au théâtre classique, à la farce et à l’opérette, mais elle est aussi très moderne dans son traitement des thèmes. L’aspect "ballet" vient notamment de la musique composée par Darius Milhaud et de la légèreté de l’intrigue.
Quel est le sujet de la pièce ?
Trois voleurs se font passer pour des aristocrates auprès de riches vacanciers à Vichy. Ils espèrent les voler, mais tout le monde joue un rôle, y compris les nobles. La pièce devient un jeu de dupes, où le vrai et le faux se mélangent jusqu’à l’absurde.
2. Les personnages
Quel est le personnage principal selon toi ?
Même si la pièce semble centrée sur les voleurs, Lady Hurf est à mes yeux le personnage central : elle est la "metteuse en scène" de la farce. Elle voit clair dans les intentions des autres mais choisit de jouer avec eux. Elle incarne à la fois le cynisme, le plaisir du théâtre et une forme d’intelligence aristocratique.
Que représente le personnage de Gustave ?
Gustave est le seul personnage réellement tiraillé entre le mensonge et la sincérité. Il incarne le désir de sortir de sa condition et de vivre un amour vrai, mais il est piégé par la comédie qu’on lui impose. C’est le seul à avoir une forme de profondeur morale.
Juliette est-elle un personnage naïf ?
Non, Juliette évolue beaucoup au fil de la pièce. Elle comprend vite que quelque chose cloche. Lorsqu’elle découvre la vérité, elle ne s’effondre pas, mais agit avec intelligence, subtilisant le faire-part pour observer la réaction de Gustave. Elle est lucide, vive, et c’est elle qui prend la décision finale de suivre Gustave.
3. Théâtre et mise en scène
En quoi cette pièce est-elle une réflexion sur le théâtre ?
Anouilh montre que la vie est une scène où chacun joue un rôle. Les personnages sont conscients de leur masque social. Par exemple, le mensonge du "Bal des voleurs" devient une vérité acceptable parce qu’il est plaisant. Même les révélations finales sont jouées : Lord Edgard invente une filiation fictive pour permettre une fin heureuse. Le théâtre devient ici une manière de survivre dans un monde faux.
Comment la mise en scène peut-elle souligner le comique ?
Avec des costumes exagérés, des entrées et sorties rapides, des jeux de regard complices avec le public, ou encore une musique qui souligne le ridicule des situations. Le décor de Vichy, station mondaine mais ennuyeuse, accentue l’aspect factice du monde des personnages.
4. Thèmes majeurs
Quel regard Anouilh porte-t-il sur la société ?
C’est un regard critique et moqueur. Il ridiculise les bourgeois avides (les Dupont-Dufort), les aristocrates oisifs (Lady Hurf), et montre que les distinctions sociales ne reposent que sur des illusions. Même les voleurs s’intègrent parfaitement dans ce monde de faux-semblants.
Quelle place est donnée à l’amour dans la pièce ?
L’amour apparaît d’abord comme un jeu, notamment entre Hector et Eva. Mais entre Gustave et Juliette, il devient plus sérieux, plus fragile aussi. Leur relation donne un ton plus grave à la comédie. C’est l’amour qui donne au voleur une conscience morale et qui le pousse à changer.
La pièce est-elle optimiste ou pessimiste ?
Elle est en apparence optimiste, avec une fin heureuse, mais en réalité très lucide. Anouilh ne croit pas en un monde sincère. Il montre que seuls ceux qui acceptent de jouer le jeu peuvent s’en sortir. C’est un optimisme de façade, un peu cruel, mais très humain.
5. ouverture culturelle
Quel lien peux-tu faire avec « le théâtre, miroir du monde » ?
Le Bal des voleurs est un parfait miroir du monde : tout y est théâtre, tout y est masque. Anouilh nous montre une société de mensonges polis, où chacun joue son rôle pour sauver les apparences. Il critique l’hypocrisie sociale par le rire, mais ce rire nous pousse à réfléchir sur notre propre rôle dans la société.
As-tu pensé à une autre œuvre en lien ?
Oui, Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux : on y retrouve des déguisements, des personnages qui changent de condition sociale, et un amour mis à l’épreuve du mensonge. La comédie permet là aussi de réfléchir sur la vérité des sentiments et sur les inégalités sociales.
6. Questions personnelles pour l'entretien – ton rapport à l’œuvre
Ces questions permettent à l’examinateur d’évaluer ton engagement de lecteur, ta sensibilité et ta capacité à formuler un jugement personnel argumenté. Les réponses proposées sont riches et authentiques, tout en restant dans le cadre d’un excellent oral.
Pourquoi as-tu choisi de lire Le Bal des voleurs ?
J’ai choisi cette pièce parce qu’elle allie humour, critique sociale et légèreté. J’aime beaucoup le théâtre, et Anouilh a ce talent de faire réfléchir sans jamais être pesant. On se laisse d’abord porter par l’intrigue comique, puis on réalise qu’il y a une vraie réflexion sur le mensonge, le rôle qu’on joue dans la vie. C’est à la fois divertissant et profond.
Quel personnage t’a le plus touché ?
Gustave m’a particulièrement touché. Contrairement aux autres, il doute, il hésite, il a une conscience. Il veut aimer sincèrement Juliette mais il sait que son rôle de voleur l’en empêche. Son tiraillement entre le mensonge et la vérité, entre la liberté et la culpabilité, m’a beaucoup intéressé. Il représente une forme d’humanité dans ce monde de faux-semblants.
As-tu ri en lisant cette pièce ?
Oui, souvent ! Il y a des dialogues très vifs, des retournements absurdes, et une ironie permanente. Mais c’est un rire intelligent, qui dénonce en même temps qu’il amuse. Le moment où les Dupont-Dufort se font arrêter à la place des voleurs est à la fois comique et satirique : le bourgeois qui voulait voler une dot se fait voler sa dignité.
Est-ce que cette œuvre t’a fait réfléchir ? Sur quoi ?
Oui, sur les masques qu’on porte dans la vie. Dans la pièce, tout le monde ment, mais souvent par confort, pour se protéger. Je me suis demandé si dans la vraie vie, on n’agit pas aussi parfois comme des acteurs pour être acceptés. Anouilh m’a fait réfléchir à la frontière entre l’identité qu’on choisit et celle qu’on joue.
Si tu devais résumer la pièce en un mot ou une idée ?
Je dirais : le jeu. Tout est jeu dans cette pièce : le jeu social, le jeu amoureux, le jeu théâtral. Et Anouilh nous montre que ce n’est pas forcément négatif. Jouer, c’est aussi une manière d’exister, de résister à l’ennui ou à la laideur du monde.