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La Boétie : biographie, pensée et héritage humaniste

Qui était Étienne de La Boétie ? Sa vie, son amitié avec Montaigne et son message de liberté

Le 26/07/2025 0

Dans Ressources pédagogiques : examen 2026

Un héritage humaniste

Étienne de La Boétie naît en 1530 à Sarlat, en Dordogne, dans une famille de magistrats. Très tôt, il bénéficie d’une éducation humaniste solide, nourrie par les langues anciennes, la philosophie grecque et latine, les grands auteurs antiques et les valeurs de la Renaissance. Il étudie le droit à l’université d'Orléans, où il fait preuve d’une grande précocité intellectuelle.

C’est à seulement 18 ans qu’il rédige son œuvre majeure : le Discours de la servitude volontaire. Ce texte pose une question provocante et encore actuelle : pourquoi les peuples acceptent-ils volontairement de se soumettre à un tyran ? Pour La Boétie, la tyrannie n’existe que parce que les hommes l’acceptent. Il invite donc à une prise de conscience politique et à une désobéissance civile raisonnée, en s’appuyant sur la liberté naturelle de l’homme, selon une conception humaniste.

En 1553, La Boétie devient conseiller au Parlement de Bordeaux. C’est là qu’il rencontre Michel de Montaigne, avec qui il noue une amitié exceptionnelle. Montaigne évoquera cette relation dans Les Essais, notamment dans le célèbre chapitre « De l’amitié », où il exprime la profondeur de leur lien :

« Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : Parce que c’était lui, parce que c’était moi. »

La Boétie meurt en 1563, à l’âge de 32 ans, d’une maladie foudroyante. Sa mort bouleverse Montaigne, qui ne cessera de faire vivre sa pensée. Il refusera longtemps de publier le Discours de la servitude volontaire, craignant qu’il ne soit mal interprété dans un contexte politique tendu (guerres de religion).

Aujourd’hui, La Boétie est considéré comme un précurseur de la pensée politique moderne, une figure de la résistance à l’oppression, admirée par des auteurs comme Rousseau, Tolstoï, Gandhi ou Camus. Son œuvre continue d’inspirer les réflexions sur la liberté, la soumission et la responsabilité individuelle face au pouvoir.

 

Frise chronologique

  • 1530  Naissance à Sarlat (Périgord)
  • 1549  Rédaction du Discours de la servitude volontaire à 18 ans
  • 1553  Devient conseiller au Parlement de Bordeaux
  • 1558  Rencontre Montaigne
  • 1563  Mort à Germignan, près de Bordeaux, à 32 ans
  • 1580  Montaigne publie ses Essais, avec un hommage vibrant à La Boétie dans le chapitre « De l’amitié »

 

Une amitié littéraire et philosophique : La Boétie & Montaigne

Montaigne parle de La Boétie comme de son « autre moi », son ami parfait, celui qu’il n’a pas choisi mais reconnu comme une évidence. Dans Les Essais, Montaigne consacre un long chapitre à l’amitié, en prenant La Boétie comme modèle absolu :

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi. »

Cette amitié dépasse le simple lien personnel : elle illustre l’idéal humaniste de la communauté des esprits, fondée sur la raison, la vertu et la liberté.

La Boétie et Montaigne partagent une même hauteur de vue sur l’Homme : ils défendent sa dignité, sa capacité à juger par lui-même, et sa vocation à vivre libre.

 À noter : La pensée de La Boétie nourrit les Essais de Montaigne, notamment la réflexion sur le pouvoir, la coutume et la liberté. Il est son frère d’âme et d’idées.

 

Pensée et style de La Boétie

Un auteur précoce et visionnaire : Le Discours de la servitude volontaire, écrit vers 1549 alors qu’il n’a pas encore 20 ans, est un texte d’une maturité impressionnante. Il s’agit moins d’un traité politique que d’une méditation morale sur la nature humaine, la liberté et le pouvoir.

Un humanisme engagé : Héritier de la pensée antique (notamment Platon, Cicéron, Tacite) et de l’humanisme chrétien, La Boétie croit en une nature humaine bonne et libre, pervertie par les abus du pouvoir. Il s’inscrit dans la continuité des penseurs qui mettent l’homme au centre de la réflexion éthique et politique.

Un style oratoire, rythmé, vibrant : Son texte mêle rhétorique antique, images fortes, apostrophes au lecteur. Il adopte le ton du réquisitoire mais aussi celui du frère qui veut réveiller ses semblables : « Soyez résolus de ne plus servir, et vous voilà libres. »

 Réception et postérité

Une œuvre clandestine : Le Discours n’est publié qu’après sa mort, souvent de manière anonyme ou détournée, tant il est subversif. Il circulera sous le manteau pendant les guerres de religion.

Une figure de résistance : La Boétie a été lu et admiré par les anarchistes (Proudhon), les libertaires, les résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, son œuvre inspire les mouvements de désobéissance civile (chez Gandhi, Martin Luther King…).

Une conscience critique : Il invite non à la révolte violente mais à la retraite pacifique hors de la soumission. Il fonde ainsi un modèle de résistance intérieure, éthique, par le refus actif d’obéir à l’injuste.

 Quelques citations fortes

« Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un tel oubli de la liberté. »

« Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt se font malmener, puisqu’en cessant de servir, ils en seraient quittes. »

« Soyez résolus de ne plus servir, et vous voilà libres. »

 

Auteurs en lien avec Étienne de La Boétie

 

Michel de Montaigne
→ Son ami intime, qui célèbre sa mémoire dans les Essais (De l’amitié). Ensemble, ils incarnent l’humanisme du XVIe siècle. Montaigne publiera une partie du Discours après la mort de La Boétie.

Platon
→ Source antique majeure pour La Boétie : dans La République, Platon décrit la manière dont le pouvoir peut corrompre l’âme. La Boétie s’inspire aussi du mythe de la caverne (aveuglement volontaire du peuple).

Tacite
→ Historien romain dont les récits dénoncent la tyrannie des empereurs. Influence directe sur le style et le fond du Discours de la servitude volontaire.

Rousseau
→ Dans Du contrat social, Rousseau développe aussi l’idée que la liberté est naturelle, et que le pouvoir légitime doit venir du peuple, non de la force ou de l’habitude.

Henry David Thoreau
→ Dans La Désobéissance civile (1849), il reprend l’idée que le citoyen doit cesser d’obéir à un pouvoir injuste. Un héritier moderne de La Boétie.

Gandhi
→ Inspiré par Thoreau et les idées de non-violence, Gandhi incarne le refus actif de coopérer avec l’injustice, dans la lignée de La Boétie.

Albert Camus
→ Dans L’Homme révolté, Camus explore la figure de celui qui dit « non », mais au nom d’un « oui » à la dignité humaine. Il s’inscrit dans la tradition de la résistance éthique.

George Orwell
→ Dans 1984, Orwell met en scène une société de surveillance où les individus, par peur ou habitude, se soumettent à un pouvoir totalitaire. Une fiction qui prolonge les intuitions de La Boétie.

Quiz : 15 questions sur La Boétie

 

Choisis la bonne réponse, puis vérifie avec les réponses en bas !

1. En quelle année est né Étienne de La Boétie ?

a) 1515
b) 1530
c) 1545

2. Dans quelle ville est-il né ?

a) Bordeaux
b) Paris
c) Sarlat

3. Quelle formation a-t-il suivie ?

a) Philosophie à Paris
b) Médecine à Montpellier
c) Droit à Orléans

4. Quel est le titre de son œuvre majeure ?

a) Le Traité de la liberté
b) Le Discours de la servitude volontaire
c) L’Éloge de la république

5. À quel âge a-t-il rédigé cette œuvre ?

a) 25 ans
b) 18 ans
c) 30 ans

6. Quel pouvoir politique critique-t-il dans son œuvre ?

a) La démocratie
b) La monarchie absolue
c) Le gouvernement républicain

7. Quelle est l’idée principale du Discours ?

a) Le peuple doit s’armer contre les rois
b) Il faut obéir à l’État
c) La tyrannie n’existe que parce que les peuples l’acceptent

8. Quel autre grand écrivain devient son ami ?

a) Rabelais
b) Montaigne
c) Du Bellay

9. Où se sont-ils rencontrés ?

a) À Paris
b) Au Parlement de Bordeaux
c) Dans un salon littéraire

10. Comment Montaigne qualifie-t-il leur amitié ?

a) Une alliance utile
b) Une parenté d’idées
c) Une fusion parfaite

11. À quel âge La Boétie est-il mort ?

a) 40 ans
b) 32 ans
c) 50 ans

12. Quelle fut la réaction de Montaigne à sa mort ?

a) Indifférence
b) Douleur profonde
c) Mépris de la maladie

13. Pourquoi Montaigne hésite-t-il à publier le Discours ?

a) Il le trouve mal écrit
b) Il craint les réactions politiques
c) Il pense que ce n’est pas utile

14. Quels auteurs ont été influencés par La Boétie ? (plusieurs réponses possibles)

a) Rousseau
b) Racine
c) Gandhi
d) Camus

15. Quelle valeur fondamentale La Boétie défend-il ?

a) L’obéissance
b) Le courage guerrier
c) La liberté

 Réponses

b) 1530

c) Sarlat

c) Droit à Orléans

b) Le Discours de la servitude volontaire

b) 18 ans

b) La monarchie absolue

c) La tyrannie n’existe que parce que les peuples l’acceptent

b) Montaigne

b) Au Parlement de Bordeaux

c) Une fusion parfaite

b) 32 ans

b) Douleur profonde

b) Il craint les réactions politiques

a), c), d)

c) La liberté

Questions / Réponses

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